Laissés sur le carreau pour Noël
Les quinze travailleurs de Colonne-Art, dont l’administrateur est un élu PLR genevois, ont été mis à la porte du jour au lendemain. Unia dénonce une nouvelle fois des pratiques irresponsables.
Une semaine après l’affaire Ventilogaine SA (lire ci-dessus), Unia Genève a dénoncé le 17 décembre un nouveau cas problématique mettant en cause un élu du canton. Il s’agit cette fois de l’entreprise Colonne-Art, active dans le second-œuvre et la métallurgie du bâtiment et dont l’administrateur est le conseiller national PLR Cyril Aellen, qui a licencié ses quinze travailleurs du jour au lendemain, le 31 octobre, sous prétexte de restructuration économique. «On nous avait promis qu’il y aurait du boulot jusqu’au bout, mais on nous a menti et manipulés», explique un conducteur de travaux, présent lors de la conférence de presse. Les travailleurs sont remontés: «Jusqu’au 30 octobre, tout allait bien. On n’a rien vu venir!» De fait, le 6 novembre, on leur demande de rentrer chez eux, alors que des chantiers étaient en cours et d’autres programmés. Depuis, plus rien. «Le dernier salaire est tombé fin octobre, confirme Joan Gesti Franquesa, secrétaire syndical à Unia Genève. Les employés n’ont eu aucune explication, aucun plan social, les salaires ne sont plus versés malgré les préavis et les 13es salaires, ainsi que les vacances n’ont pas été payés.» Les travailleurs étant encore officiellement sous délai de congé, ils ne peuvent pas s’inscrire au chômage. «On a des loyers à payer, des charges à assumer et on n’a rien! s’indigne l’un d’eux. Heureusement que ma compagne est là pour assurer pour deux!»
Qui paie?
«Encore une fois, une entreprise se débarrasse de ses salariés en toute impunité, et c’est à nous, syndicat, de les accompagner dans leurs démarches, et à la collectivité de payer, commente Joan Gesti Franquesa. Nous sommes par ailleurs étonnés de la facilité et de la rapidité avec laquelle la faillite a été prononcée, le 9 décembre. C’est une faillite express, du jamais-vu.»
Colonne-Art appartient à une holding d’entreprises actives dans l’immobilier et le bâtiment. «Ils auraient sans doute pu être repris, juge José Sebastiao. Comme souvent, ce sont les travailleurs qui paient des pots qu’ils n’ont pas cassés! Quel rôle joue Cyril Aellen là-dedans? Est-ce le directeur? L’administrateur? Un homme de paille? Nous attendons des réponses!»
Dans ce contexte, Unia demande que le personnel soit embauché par une entreprise de la holding, et que les salaires soient pris en charge par cette même entité. «Enfin, nous demandons à Cyril Aellen de prendre ses responsabilités.» «Je suis choqué, je n’aurais jamais pensé que cela pourrait m’arriver en Suisse, réagit l’un des salariés. Encore moins dans un grand groupe solide comme celui-là. En plein hiver, ça s’annonce compliqué pour nous de retrouver du travail...»
Contacté par L’Evénement syndical, l’avocat et conseiller national se contente de répondre qu’il n’était pas dans la conduite opérationnelle de l’entreprise, mais qu’il a été mandaté par les actionnaires pour les représenter, qu’il a agi dans le respect de la loi et sans obtenir de passe-droit.