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Les profits des pharmas, causes de l’augmentation des primes
L’ONG Public Eye dénonce l’opacité de l’industrie pharmaceutique et les bénéfices faits sur le dos des malades et interpelle 40 parlementaires suisses
«Les profits astronomiques que la pharma dégage sur les médicaments sont l’une des principales causes de l’explosion des coûts de la santé. Il est urgent d’imposer plus de transparence et de mettre un terme aux rabais secrets négociés entre le gouvernement et la pharma.» Public Eye adresse une lettre ouverte à 40 parlementaires ayant des liens avec les assurances maladie ou l’industrie pharmaceutique pour les inciter à agir. Car «les médicaments représentent un quart des coûts de l’assurance maladie obligatoire», selon les estimations de l’ONG. Celle-ci souligne que «les prix fixés par la pharma pour des médicaments ne sont aucunement justifiés par ses investissements dans la recherche et le développement». Son étude menée sur six médicaments anticancéreux montre que les marges des grands groupes pharmaceutiques oscillent entre 40% et 90% du prix de vente.
L’ONG rejette ainsi l’argument de l’industrie pharmaceutique qui défend ses prix élevés en invoquant les nombreux risques liés à la recherche et développement (R&D). Ces coûts ont d’ailleurs été pris en compte dans l’étude. Ainsi, dans le cas du Kisqali, traitement contre le cancer du sein, Novartis réaliserait un bénéfice de 430 francs sur les 1000 francs payés par la caisse maladie. Dans le cas du Revlimid contre le cancer du sang, la marge de l’entreprise américaine Bristol Myers Squibb (qui a racheté Celgene en 2019) atteindrait même 89%. Car plus le médicament est commercialisé depuis longtemps, plus le bénéfice est élevé.
Le conditionnel reste de mise, puisque la transparence n’est décidément pas dans l’ADN des multinationales. Les bénéfices parlent toutefois d’eux-mêmes: 14,9 milliards de francs pour Roche en 2021, 24 milliards pour Novartis durant la même année…
Des rabais secrets
«La protection dont bénéficient les médicaments grâce aux brevets devrait en principe récompenser la recherche et l’innovation médicales. En réalité, cet instrument crée des monopoles qui confèrent aux pharmas un énorme pouvoir de fixation des prix et leur permettent d’atteindre des rendements astronomiques», dénonce Public Eye, qui rappelle également que «plus de 2 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès aux médicaments vitaux en raison de l’augmentation constante des prix». Une situation qui menace le droit à la santé et favorise une médecine à deux vitesses, même en Suisse. Or, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), au contraire des pays voisins, continue de privilégier l’opacité du secteur. «En profitant des modèles de prix avec rabais secrets, la pharma commencera les enchères plus haut afin de maintenir sa marge, comme le confirment des études, tout en donnant à l’OFSP l’illusion d’économies au travers de rabais prétendument plus élevés car maintenus secrets», dénonce Public Eye sur son site, depuis des années déjà.