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Menaces contre les salariés

Mise en scène d'un travailleur dans plusieurs positions "au four et au moulin".
© Thierry Porchet

Les associations patronales ont annoncé leurs plans de sortie de crise. Avec à la clé, entre autres mesures, une extension de la durée du travail, qui générera stress et pénibilité, le gel des salaires et des prestations sociales. 

Dans leur plan de sortie de crise, les associations patronales prévoient notamment le gel des salaires et des prestations sociales, ainsi que l’extension du temps de travail. Unia est prêt à contre-attaquer

Il ne fait aucun doute que la crise sanitaire du Covid-19 devrait rapidement laisser la place à une crise économique. Le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco) table pour 2020 sur un recul du PIB de –6,7% et a récemment annoncé une hausse du taux de chômage de 43% par rapport à avril 2019. Alors qu’une nouvelle étape de reprise a été franchie le 11 mai et que les Chambres fédérales ont démarré les discussions liées aux mesures d’urgence, certaines associations patronales ont fait part le 30 avril de leur plan de sortie de crise. 

Dans son «programme d’action», l’Union suisse des arts et métiers (Usam) demande un renforcement des conditions-cadres «afin de favoriser la concurrence» tout en misant sur «la liberté entrepreneuriale» pour relancer l’économie du pays. Plus en détails, le plan d’attaques prévoit notamment un «retour à un ordre économique libéral», mais aussi un renoncement à l’introduction de nouvelles taxes, redevances et autres impôts. En matière de politique du marché du travail, l’Usam plaide en faveur de «l’assouplissement et de l’extension du temps de travail» afin de donner aux entreprises une marge de manœuvre mais aussi de la simplification et de l’allègement de l’enregistrement du temps de travail. Par ailleurs, elle appelle à «l’assouplissement des heures d’ouverture des magasins et des ouvertures dominicales», afin de réduire le tourisme d’achat et d’encourager la consommation intérieure. «Une libéralisation et un assouplissement des ouvertures dominicales permettent aussi d’atténuer les pertes causées par la crise du coronavirus.»

Selon Economiesuisse, il faut absolument éviter une nouvelle période de semi-confinement. Et pour ce faire, elle propose, «afin de réduire le risque d’infection», la simplification du travail de nuit et pendant le week-end, l’extension des heures d’ouverture des magasins et la levée de l’interdiction de circuler la nuit pour simplifier la logistique. Un assouplissement «temporaire», pour une période allant jusqu’à deux mois.

Gel des salaires

Les travailleurs ne sont pas au bout de leurs peines. Souhaitant éviter l’introduction de nouvelles charges, l’Usam appelle à tout mettre en œuvre pour empêcher que les salaires et les cotisations salariales augmentent. «D’une part, ils atteignent déjà des valeurs maximales en comparaison internationale, d’autre part, chaque augmentation réduit la compétitivité des entreprises», justifie-t-elle. Dans le domaine des assurances sociales, l’association patronale appelle systématiquement à «renoncer à toute nouvelle extension des prestations», et donc «renoncer à introduire des mesures de compensation onéreuses dans le cadre de la révision de l’AVS» et dans celle de la LPP.

Du côté d’Economiesuisse, qui assure que le nombre de chômeurs continuera à augmenter de façon «inévitable», pas question de protéger davantage les travailleurs contre les licenciements. «Il faut éviter de nouvelles restrictions du marché du travail. Protéger les travailleurs contre le licenciement et autres mesures similaires aurait surtout pour effet de multiplier les faillites d’entreprises qui se trouvent dans l’impossibilité de réduire la voilure à court terme. Les effets sur le marché du travail à long terme seraient catastrophiques.»

Grosse bataille à venir

Pour Vania Alleva, présidente d’Unia, ces propositions sont une mauvaise réponse à la crise actuelle: «C’est clairement une attaque contre les travailleurs et contre l’économie tout court. Dans un tel contexte, il faut tout faire pour défendre l’emploi et le pouvoir d’achat, et les plans des associations patronales vont à l’encontre de cela.» Le syndicat est prêt à contre-attaquer, estimant que ce n’est pas aux travailleurs de payer cette crise. «Nous n’allons pas les laisser faire, nous allons lutter contre toute forme de déréglementation, que ce soit au niveau des CCT, des salaires ou de la Loi sur le travail. C’est une grande bataille qui va s’ouvrir ces prochains mois.» Plus que de défendre les acquis, Vania Alleva veut passer à l’offensive: «Il faut aller plus loin et se battre pour des augmentations de salaire et des améliorations des conditions de travail, notamment dans les professions dites essentielles.»

Enfin, à la suite des annonces du Seco sur l’explosion du chômage le mois dernier, la responsable syndicale réitère les revendications de l’Appel du 1erMai, notamment l’indemnisation à 100% du salaire dans le cadre des RHT et l’interdiction de licencier pour les entreprises qui en ont bénéficié. «Le chômage partiel doit être maintenu pour préserver l’emploi, et les employeurs qui ont recouru à ce soutien financier de la Confédération ont la responsabilité sociale de ne pas licencier.» 

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