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Pour une transition écologique et sociale

Action à Lausanne. Militants éparpillés sur la place de la Riponne dans des cases de 4m2 tracées au sol à la craie.
© Olivier Vogelsang

En raison de la pandémie de coronavirus, la Grève nationale du climat s'est transformée en une journée d'action portée par des centaines de militants rappelant l'urgence écologique et l'importance de la solidarité, comme ici à Lausanne.

Rappeler l’urgence climatique et l’importance de la solidarité ont été les leitmotivs de la journée de mobilisation du 15 mai partout en Suisse

«Un changement écologique et social doit être démarré maintenant!» C’est en substance le message lancé par les jeunes de la Grève du climat (GdC) lors de la journée d’actions nationale du 15 mai. Cette date devait marquer une mobilisation unique entre le mouvement estudiantin, les syndicats et les associations sous l’appellation «Grève pour l’avenir». Faute à la pandémie, la convergence des luttes a été freinée drastiquement. La grève générale prévue n’est cependant pas annulée, mais reportée. Reste que, tout au long de la journée, la sensibilisation a eu lieu de manière virtuelle sur le site climatestrike.ch et au travers d’une webradio. Une mine d’informations et d’interventions de qualité ont été diffusées, de l’agriculture à l’enseignement en passant par les migrations climatiques. Unia s’est associé au mouvement par des messages en ligne en rappelant «le besoin d’une reconversion éco-sociale de la société et de l’économie». L’Union syndicale suisse a souligné la veille dans un communiqué: «La surexploitation conduit au déséquilibre des écosystèmes et c’est là que la crise climatique et les pandémies trouvent leur origine. Les catastrophes vont continuer de se multiplier si nous ne renversons pas la vapeur maintenant.»

Alarme climatique

Le 15 mai, à midi moins une, partout en Suisse, la population était invitée à faire du bruit afin de rappeler que la crise climatique n’attend pas. Les actions symboliques dans les rues ont prouvé une fois de plus la créativité d’une jeunesse qui refuse un «retour à l’anormal». «Les politiques de relance basées sur les énergies fossiles, la surconsommation et la croissance économique veulent résoudre la crise économique en aggravant la crise climatique. Ces idées mettent en exergue les failles du système actuel et anéantissent tout espoir de maintenir le réchauffement en dessous de 1,5 degré et, par là, de préserver un environnement permettant une vie humaine, animale et végétale saine. Il ne faut pas relancer un système destructeur mais bel et bien penser le monde d’après, solidaire et durable», écrit la GdC Fribourg. «La crise du coronavirus montre qu'il est possible d'introduire et de mettre en œuvre des mesures efficaces en temps de crise. La Grève du climat exige la même chose pour la crise climatique mondiale», souligne la GdC Suisse.

Comme l’explique la GdC Jura, dans son communiqué, il incombe aux principaux responsables, dont les grandes entreprises et le secteur financier, d’assumer les coûts de cette transition. Et d’ajouter: «Des plans de réorientation et des perspectives professionnelles dignes doivent impérativement être proposées aux personnes travaillant dans les secteurs affectés par la transition écologique.» De nombreuses pistes se retrouvent dans les différents manifestes de la GdC aux niveaux national et cantonal pour mettre en place la grande transformation sociétale nécessaire, entre autres la sortie des énergies fossiles dans le respect de la justice climatique. Les transitions écologique et sociale étant liées, la convergence des luttes ne fait que commencer...


Le 15 mai en bref

A Lausanne, à 11h59, une vingtaine de personnes ont brandi chacune une lettre pour former deux phrases: «Le climat n’attend pas» et «Changeons de système». Des slogans – ceux qui ont accompagné les nombreuses manifestations d’envergure de 2019 – ont été scandés devant un public clairsemé, de nombreux journalistes et encore davantage de policiers. Des permanents d’Unia sont aussi descendus pour sonner l’alarme climatique en tapant sur des casseroles.

A Genève, des militants du collectif du 15 Mai – composé de la GdC, d’associations, de partis et de syndicats – sont intervenus avec le même mode d’action sur le pont de la Machine. D’autres actions étaient prévues tout au long de la journée…

A Fribourg, à l’aube, la GdC a rappelé l’urgence de la crise climatique sur la place de l’Hôtel de Ville et sur la place Python. Une centaine de pancartes et des banderoles ont été accrochées ou posées sur le sol, énumérant les mesures nécessaires pour sauver l’humanité.

A Neuchâtel, les militants pour le climat ont amené «leur pierre à l’édifice» devant la fontaine de la Justice. Une action similaire a aussi eu lieu à Espacecité à La Chaux-de-Fonds.

Le réchauffement, menace pour les droits humains

Pour Amnesty International, le respect des droits humains est indubitablement lié à la protection du climat. L’organisation non gouvernementale a marqué cette journée du 15 mai en mettant en avant des jeunes défenseurs du climat via un débat sur les réseaux sociaux qui a réuni trois d’entre eux, dont Marinel Ubaldo. La vie de cette Philippine a basculé en 2013 lorsque le supertyphon Haiyan a frappé son village. Ce cyclone tropical, le plus fort jamais enregistré aux Philippines, a causé la mort de 6000 personnes dans l’archipel. Aujourd’hui âgée de 22 ans, la jeune femme se bat depuis plusieurs années pour les droits environnementaux et la justice climatique. Selon Amnesty, six ans après la catastrophe, Marinel et d’autres habitants de son village et de sa région n’ont toujours pas été relogés, ils n’ont pas accès à l’électricité, à des installations sanitaires et à des moyens de subsistance. «Le changement climatique est maintenant une affaire de droits humains, car les gens voient leurs droits fondamentaux bafoués, comme le droit à l’alimentation, le droit à la vie, le droit à l’éducation…» déclare la militante dans une vidéo à consulter sur le site de l’ONG. Amnesty propose de signer une pétition qui invite le gouvernement philippin à rendre justice aux personnes touchées par des catastrophes climatiques comme le typhon Haiyan, ainsi qu’à protéger les militants pour le climat, la terre et les droits environnementaux, comme Marinel. En 2018, 43 défenseurs des droits humains ont été tués dans le pays, dont plusieurs militants des droits fonciers et environnementaux… JB

Infos et signature de la pétition sur: libre.amnesty.ch


Protéger notre avenir

De son côté, le mouvement Extinction Rebellion (XR) n’a pas organisé d’interventions spéciales ce 15 mai, mais plusieurs de ses activistes ont pris part à des actions de la Grève du climat. Rappelons que des militants d’XR ont, trois jours plus tôt, interpellé les députés du Grand Conseil vaudois, réunis en session à Yverdon, pour leur demander d’introduire, dès aujourd’hui, des dispositions propres à éviter les catastrophes climatiques annoncées par la communauté scientifique. «Vous avez pris des mesures pour protéger les personnes vulnérables. Maintenant prenez-en pour protéger notre avenir à nous, les jeunes», a réclamé Nina, 12 ans, selon le communiqué de XR. «Nous sommes déterminés et nous le serons tant que les politiciens feront la sourde oreille», a ajouté Mathilde, 15 ans. Docteur pour XR (Doctors4XR – une branche du mouvement composée du personnel soignant), le professeur Blaise Genton, infectiologue, a souligné: «Nous, les professionnels de la santé, considérons la crise climatique comme une pandémie: tout le monde sera touché dans sa santé, sa vie... Nous avons peu anticipé le Covid-19, nous avons le devoir de nous préparer à ce qui arrive.» Jil, 80 ans, a pour sa part remercié les autorités pour leur protection dans la crise sanitaire actuelle tout en précisant: «Nous devons aujourd’hui rendre la pareille aux jeunes générations. Ce mois d’avril a été parmi les plus chauds jamais enregistrés.» A noter encore que le 6 mai, d’autres Doctors4XR se sont rendus à l’aéroport de Genève après que le Parlement a décidé, la veille, de valider la décision du Conseil fédéral concernant les prêts au secteur aérien sans condition. Et ces militants d’alerter eux aussi sur les dramatiques conséquences sanitaires du dérèglement climatique. Et d’annoncer d’ores et déjà la reprise des blocages. SM

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