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Second œuvre: vers une hausse des salaires

Plus d’une centaine de travailleurs du second œuvre romand ont approuvé les résultats des négociations relatives au renouvellement de leur convention collective de travail.
© Olivier Vogelsang

Plus d’une centaine de travailleurs du second œuvre romand ont approuvé les résultats des négociations relatives au renouvellement de leur convention collective de travail.

Réunis en assemblée, les salariés du second œuvre romand ont approuvé le résultat des négociations relatives au renouvellement de leur convention collective de travail. Dès l’an prochain, les rémunérations devraient augmenter de 125 francs par mois après dix ans sans réelle majoration.

La lutte aura fini par payer. Après dix ans sans réelle augmentation de salaire, les travailleuses et les travailleurs du second œuvre romand (SOR) devraient enfin voir leur activité revalorisée. Réunis en assemblée le 28 octobre à Lausanne, plus d’une centaine d’entre eux ont pris connaissance des résultats des négociations en vue du renouvellement de la Convention collective de travail du second œuvre romand (CCT-SOR). Mais auparavant, Yannick Egger, membre de la direction du secteur artisanat à Unia, a rappelé les principales actions menées tout au long des années précédentes afin d’obtenir de meilleures rémunérations. Une rétrospective marquée par des mobilisations, des pauses prolongées, une participation en force des salariés du domaine le 1er Mai dans la capitale vaudoise... témoignant de l’âpreté de la bataille menée. Aussi, les représentants du Comité d’action du second œuvre romand, fer de lance des salariés, avaient, à l’heure de partager les bonnes nouvelles, le sourire aux lèvres.

125 francs de plus par mois

«Une lutte, c’est un marathon, une traversée du désert. Malgré la position patronale très dure, nous n’avons jamais abandonné. Et nous continuerons encore – quatre années passent très vite. Ce qui a été obtenu est la conséquence du travail d’une équipe, de votre engagement», a déclaré en préambule Aldo Ferrari. Le coresponsable du secteur artisanat à Unia a ensuite détaillé le contenu de l’accord. Le point central concerne les salaires. Et prévoit, en 2024, une augmentation effective des rémunérations de 125 francs par mois pour l’ensemble du personnel. Même montant les années suivantes en cas d’inflation jusqu’à 1,5%. Si ce taux est supérieur, des discussions seront entamées. Les salaires minimums bénéficient également d’une revalorisation. «Dans ce cas-là encore nous pouvons être fiers du résultat. Un apprenti titulaire d’un CFC gagnera d’ici à deux ans au moins 5500 francs. Un ouvrier avec une attestation fédérale de formation professionnelle ou sans qualification touchera pour sa part, dans trois ans, plus de 5000 francs par mois!», a illustré le responsable syndical avant d’aborder les «contreparties plus désagréables».

Flexibilisation accrue

Celles-ci concernent notamment le solde annuel cumulé d’heures supplémentaires qui passent de 80 à 120 heures. «Les patrons ont gagné en flexibilité.» La compensation des heures supplémentaires à la fin de l’année reste, elle, identique: soit elles seront réglées via des congés équivalents, soit payées 25% de plus. Les travailleurs pourront, pour la moitié effective du solde, imposer leur préférence. Parmi les autres adaptations prévues dans la nouvelle CCT-SOR, signalons encore l’augmentation de l’indemnité pour l’usage d’un véhicule privé, qui passera de 60 centimes à 70 centimes. En revanche, les revendications relatives à la hausse des forfaits repas, à la suppression des 30 minutes de trajet non payées et à la rémunération de pauses matinales de 15 minutes n’ont pas abouti. Ces requêtes figuraient aussi au rang des demandes principales des salariés consultés via une enquête à laquelle plus de 2000 d’entre eux avaient répondu. «Ce seront nos prochains combats», a indiqué Guillaume Racloz-Daiz, président du Comité d’action du second œuvre romand. L’assemblée a ensuite été appelée à voter sur l’ensemble du paquet qu’elle a adopté à l’unanimité moins une voix. Bruna Campanello, membre du comité directeur d’Unia et responsable du secteur arts et métiers, a estimé qu’il s’agissait d’un «très bon résultat». Et a félicité la délégation syndicale et l’ensemble des travailleurs tout en lançant un appel à poursuivre la lutte. Les patrons vont maintenant à leur tour se prononcer sur l’accord trouvé. La réponse finale devrait tomber à la mi-novembre.

«La persévérance a payé»

Réactions de travailleurs

Loïc Veltin, ébéniste, a exprimé sa satisfaction concernant la majoration des salaires: «La délégation a fait un bon job: 125 francs de plus, c’est très appréciable alors que tout augmente. Nous devrions pouvoir ainsi rester à niveau et faire face en cas de pépin. La persévérance a payé après toutes ces années sans hausse des rémunérations.» Travaillant dans une PME comptant 34 employés, l’homme de 42 ans note encore que les patrons de son entreprise sont «très ouverts et savent qu’il est syndiqué». «Ce n’est pas un tabou. Et la revalorisation des salaires ne sera pas problématique. Les carnets de commandes sont bien fournis.»

«Je suis content et soulagé. Le salaire était ma revendication principale», commente de son côté Sanches de Pina, menuisier. L’homme de 50 ans regrette toutefois que la demande de paiement du temps de trajet pour rejoindre le chantier n’ait pas abouti. «C’est dommage. Nous effectuons une demi-heure de travail gratuit!» Le refus de majorer les paniers repas, payés actuellement 18 francs, le déçoit également.

Des plâtriers fribourgeois notent de leur côté que les résultats obtenus ne changent rien à leur situation. «Notre employeur a déjà consenti à des efforts financiers. Nous sommes venus par solidarité avec nos collègues.»

Dominique Magliano, plâtrier-peintre, considère l’augmentation plus que méritée. Ce militant actif et chef d’équipe estime important de motiver le personnel, «c’est la locomotive qui tire le train. Je suis content que les travailleurs ne soient pas abandonnés dans le contexte du renchérissement du coût de la vie.»

Antonio, carreleur, a pour sa part refusé le résultat des négociations: «Je suis heureux pour les salaires, mais non pour le reste des revendications qui n’ont pas abouti. C’est insuffisant. Nous devons faire davantage pression.»

Crispation du patronat

Guillaume Racloz-Daiz, président du Comité d’action du second œuvre romand, charpentier

«Le climat de négociation s’est révélé très tendu. Il est de plus en plus difficile de trouver des compromis. On assiste à une crispation du patronat, en partie idéologique, une perte de sens du partenariat social», note Guillaume Racloz-Daiz, soulignant que rien que pour la compensation de l’inflation, la position restait figée. «On a obtenu un minimum. Mais je suis content. On a enfin une avancée. Le personnel ne peut pas, lui, répercuter la hausse du coût de la vie sur les prix. Son pouvoir d’achat baisse», ajoute le charpentier de 42 ans, qui ne craint pas que la revalorisation consentie entraîne des licenciements. «Il y a beaucoup de travail dans la branche. Mais chaque année, les employeurs se plaignent, disent qu’ils ne peuvent pas rehausser les salaires.» Pour Guillaume Racloz-Daiz, il s’agit aussi de poursuivre la lutte afin d’améliorer la sécurité et l’hygiène sur les chantiers, notamment la question «catastrophique» des toilettes. «Il manque hélas une vision à long terme. Des changements doivent être réalisés pour susciter des vocations. Sinon, le travail effectué sans conviction perdra en qualité. Ça commence déjà... Les employés mal payés ne vont pas donner le meilleur d’eux-mêmes. Il faut se syndiquer dès l’apprentissage pour améliorer les conditions de travail.»

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