Réunis en assemblée, les salariés du second œuvre romand ont approuvé le résultat des négociations relatives au renouvellement de leur convention collective de travail. Dès l’an prochain, les rémunérations devraient augmenter de 125 francs par mois après dix ans sans réelle majoration.
La lutte aura fini par payer. Après dix ans sans réelle augmentation de salaire, les travailleuses et les travailleurs du second œuvre romand (SOR) devraient enfin voir leur activité revalorisée. Réunis en assemblée le 28 octobre à Lausanne, plus d’une centaine d’entre eux ont pris connaissance des résultats des négociations en vue du renouvellement de la Convention collective de travail du second œuvre romand (CCT-SOR). Mais auparavant, Yannick Egger, membre de la direction du secteur artisanat à Unia, a rappelé les principales actions menées tout au long des années précédentes afin d’obtenir de meilleures rémunérations. Une rétrospective marquée par des mobilisations, des pauses prolongées, une participation en force des salariés du domaine le 1er Mai dans la capitale vaudoise... témoignant de l’âpreté de la bataille menée. Aussi, les représentants du Comité d’action du second œuvre romand, fer de lance des salariés, avaient, à l’heure de partager les bonnes nouvelles, le sourire aux lèvres.
125 francs de plus par mois
«Une lutte, c’est un marathon, une traversée du désert. Malgré la position patronale très dure, nous n’avons jamais abandonné. Et nous continuerons encore – quatre années passent très vite. Ce qui a été obtenu est la conséquence du travail d’une équipe, de votre engagement», a déclaré en préambule Aldo Ferrari. Le coresponsable du secteur artisanat à Unia a ensuite détaillé le contenu de l’accord. Le point central concerne les salaires. Et prévoit, en 2024, une augmentation effective des rémunérations de 125 francs par mois pour l’ensemble du personnel. Même montant les années suivantes en cas d’inflation jusqu’à 1,5%. Si ce taux est supérieur, des discussions seront entamées. Les salaires minimums bénéficient également d’une revalorisation. «Dans ce cas-là encore nous pouvons être fiers du résultat. Un apprenti titulaire d’un CFC gagnera d’ici à deux ans au moins 5500 francs. Un ouvrier avec une attestation fédérale de formation professionnelle ou sans qualification touchera pour sa part, dans trois ans, plus de 5000 francs par mois!», a illustré le responsable syndical avant d’aborder les «contreparties plus désagréables».
Flexibilisation accrue
Celles-ci concernent notamment le solde annuel cumulé d’heures supplémentaires qui passent de 80 à 120 heures. «Les patrons ont gagné en flexibilité.» La compensation des heures supplémentaires à la fin de l’année reste, elle, identique: soit elles seront réglées via des congés équivalents, soit payées 25% de plus. Les travailleurs pourront, pour la moitié effective du solde, imposer leur préférence. Parmi les autres adaptations prévues dans la nouvelle CCT-SOR, signalons encore l’augmentation de l’indemnité pour l’usage d’un véhicule privé, qui passera de 60 centimes à 70 centimes. En revanche, les revendications relatives à la hausse des forfaits repas, à la suppression des 30 minutes de trajet non payées et à la rémunération de pauses matinales de 15 minutes n’ont pas abouti. Ces requêtes figuraient aussi au rang des demandes principales des salariés consultés via une enquête à laquelle plus de 2000 d’entre eux avaient répondu. «Ce seront nos prochains combats», a indiqué Guillaume Racloz-Daiz, président du Comité d’action du second œuvre romand. L’assemblée a ensuite été appelée à voter sur l’ensemble du paquet qu’elle a adopté à l’unanimité moins une voix. Bruna Campanello, membre du comité directeur d’Unia et responsable du secteur arts et métiers, a estimé qu’il s’agissait d’un «très bon résultat». Et a félicité la délégation syndicale et l’ensemble des travailleurs tout en lançant un appel à poursuivre la lutte. Les patrons vont maintenant à leur tour se prononcer sur l’accord trouvé. La réponse finale devrait tomber à la mi-novembre.