«J’ai été licenciée car je ne disais pas oui à tout»
Maria* était employée par l’hôtel Mövenpick comme femme de chambre depuis huit ans avant d’être licenciée au 30 mars prochain. «Au début, tout allait très bien, je travaillais entre 40 et 42 heures par semaine. Et puis, il y a deux ans, je suis tombée enceinte, ma grossesse a été compliquée et j’ai beaucoup été en arrêt.» A son retour, Maria* sent un malaise. «Ma cheffe était sans arrêt contre moi, c’était personnel. Avec trois enfants en bas âge placés en crèche à 60%, j’avais besoin d’un horaire fixe pour m’organiser, et elle n’a jamais voulu se montrer arrangeante ou me libérer aux horaires que je lui demandais. Elle se fâchait tout le temps après moi.» C’est là que Maria* commence à voir baisser ses heures de travail. «Tout à coup, on me demandait de ne travailler plus que deux ou trois jours par semaine. C’est là que j’ai réalisé que j’avais un contrat très bizarre, dit “extra fixeˮ.» Parmi ses collègues, elles sont vingt à être soumises au même contrat, six seulement ont un contrat fixe. «A l’époque, je l’avais accepté, car j’en avais besoin, et on me donnait toujours du travail, donc cela n’avait pas d’importance.» C’est ensuite que ça se gâte. L’hôtel finit par lui proposer du travail sur appel, le jour pour le lendemain. Payée 19,07 francs de l’heure, son salaire oscille entre 1000 et 1500 francs par mois, pas plus. Et elle finit par être remerciée. Elle quittera son poste le 30 mars prochain. «Quand j’ai un problème, je dis les choses et cela n’a pas plu. La direction préfère les employés qui se taisent et font le poing dans leur poche.»
Malgré tout, Maria* a tenu à être présente le 8 mars lors de l’action devant l’hôtel, en solidarité avec ses collègues. «Nous nous battons pour avoir des contrats et des salaires fixes, mais aussi, en tant que mères, pour pouvoir mieux concilier vie professionnelle et vie de famille. Nous demandons également que le temps de change soit compté dans le temps de travail. Enfin, il faut agir sur la charge de travail, qui est exagérée. On doit faire une vingtaine de chambres par jour: on ne peut pas faire de la quantité et de la qualité!» Maria*, originaire de Colombie, pointe un autre problème: «Nous sommes quasiment toutes des femmes venant d’Amérique latine, avec un fort besoin de décrocher un job et un permis. Ces employeurs profitent de notre situation et qu’on dise oui à tout pour nous exploiter. Il faut que cela change!»
*Prénom d’emprunt.