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Tolérance zéro face au harcèlement moral et sexuel

Scène de harcèlement dans la restauration.
© Thierry Porchet

42% des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête d’Unia ont affirmé avoir déjà été victimes de mobbing au travail et 27% avoir subi du harcèlement sexuel.

La conférence de branche de l’hôtellerie-restauration du syndicat Unia a adopté une résolution contre le harcèlement

Réunis à Berne le 26 juin, les délégués de la conférence de la branche de l’hôtellerie-restauration d’Unia ont adopté une résolution demandant des mesures concrètes contre le harcèlement moral et sexuel. Pour eux, des points de contact indépendants et externes sont ainsi nécessaires pour permettre aux personnes concernées de trouver un soutien, sans peur de représailles. Les délégués demandent également des enquêtes indépendantes, la signature par l’ensemble des cadres et des employés d’une charte contre le harcèlement moral et sexuel dans chaque établissement, ainsi que la sensibilisation des supérieurs à cette problématique. De surcroît, les entreprises doivent sensibiliser leurs clients et protéger leurs employés des agressions verbales et physiques. Il s’agit ainsi d’un changement de culture, selon Unia. «Tout est à construire. La charte va notamment être élaborée avec des militantes. Et cette campagne sera d’autant plus percutante si elle peut englober le plus possible de gens du secteur, dont les organisations patronales. Tout le monde doit prendre conscience que le problème est grave», souligne Mauro Moretto, coresponsable du secteur tertiaire d’Unia.

Harcèlement répandu

Pour rappel, une enquête du syndicat menée ce printemps auprès des salariés de l’hôtellerie-restauration a révélé l’urgence d’agir. Notons que 42% des personnes interrogées ont affirmé avoir déjà été victimes de mobbing au travail, et 27% avoir subi du harcèlement sexuel. Dans la majorité des cas, l’auteur est un collègue (39%) ou l’employeur (37%), quand ce n’est pas un client (24%). «Ce qui est particulièrement problématique: à peine une personne sur quatre confrontée au harcèlement moral ou sexuel a reçu le soutien du supérieur hiérarchique», dénonce Unia. A Genève, fin mai, des serveuses victimes de harcèlement et de mobbing ont témoigné de leurs souffrances (voir L’ES du 24 mai dernier). Comme le soulignent les délégués dans leur résolution: «Ce phénomène et d’autres discriminations au travail peuvent avoir des conséquences graves sur la santé physique et psychique ainsi que sur le plan économique.»

Ensemble contre la pénurie de personnel

En février dernier, Unia remettait à GastroSuisse une pétition intitulée «Nous voulons vivre dignement!». Le partenaire du syndicat, l’association professionnelle Hotel & Gastro Union, continue de récolter des signatures pour de meilleures conditions de travail et l’ouverture de négociations en vue d’une nouvelle CCNT, bloquées par GastroSuisse depuis mai 2019. Elle souligne la pénurie de personnel, qui a pour effet une surcharge de travail. Elle demande une meilleure reconnaissance de la profession. «Nous devons donner un signal fort aux collaborateurs tentés de quitter le métier ainsi qu’aux jeunes en formation», plaide l’association.

Dans sa pétition, Hotel & Gastro Union demande un renforcement de la formation pour les employés et les employeurs, une gestion du personnel plus respectueuse, la possibilité de concilier vie privée et vie professionnelle grâce à une meilleure organisation du temps de travail et des plannings fiables, une augmentation générale de salaires. Sur son site, des patrons s’expriment: «Il est important de soutenir notre branche dans ces moments de doute, puisqu’elle a beaucoup souffert ces deux dernières années. Il faudra pour cela une valorisation des métiers et un partenariat social fort», indique Bruno Rossignol, responsable de la restauration et des commerces (RESCO) de l’EPFL. «Il faut fidéliser notre personnel qualifié, car c’est lui qui formera et motivera nos futurs apprentis. Pour assurer la relève, nous devons travailler avec nos partenaires sociaux», explique Françoise Guilloud, propriétaire-exploitante de l’Hôtel de la Gare à Yvonand. Ou encore Martin Mayoly, directeur Hôtel Alpes et Lac à Neuchâtel: «Les bons collaborateurs sont toujours plus nombreux à quitter la branche, car ils ont une mauvaise image de nos métiers. Une réflexion doit être entamée au plus vite avec les partenaires sociaux.»

Signer la pétition ici.

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