Le sondage en chiffres
- 76% des répondants s’accordent sur l’insuffisance du salaire minimum pour vivre.
- Près de la moitié des personnes pensent qu’il est peu probable que la génération future trouve un emploi décent.
- Plus d’un tiers des personnes interrogées ont été directement ou indirectement touchées par le chômage ou une réduction du temps de travail.
- 70% souhaitent que les gouvernements agissent plus pour augmenter les salaires des travailleurs.
- 73% pensent que les gouvernements devraient en faire davantage pour veiller à ce que les entreprises paient équitablement leur part d’impôts.
- 74% estiment que les autorités devraient créer des emplois en investissant dans les soins pour les personnes âgées, les personnes handicapées et les enfants d’âge préscolaire.
Des exemples de gestion de crise
Le webinaire s’est poursuivi par des témoignages de syndicalistes d’Autriche, d’Argentine et du Nigeria, exposant l’approche des différents gouvernements pour faire face au Covid-19. Tous se sont accordés sur le fait que seules l’organisation des travailleurs et la solidarité syndicale internationale contraindront les gouvernements à dialoguer et à protéger les travailleurs.
Ayuba Wabba, président du syndicat Congrès du Travail du Nigeria
«Au Nigeria, 70% des travailleurs n’ont pas de protection sociale et la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Avec la crise sanitaire, beaucoup d’emplois ont été mis sous pression, il y a aussi eu des gros problèmes en matière d’équipements de protection individuelle qui manquaient pour protéger les travailleurs. Sans parler du désastre économique et de l’inflation qui ont suivi. Nous avons demandé au gouvernement qu’il investisse massivement dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Et nous demandons un dialogue social tripartite, comme le prône l’OIT, afin de mettre en place un nouveau contrat social qui protège nos travailleurs.»
Gerardo Martínez, secrétaire général de l’Union ouvrière de la construction de la république argentine (UOCRA)
«Ici, la population n’a pas été égale face au virus, notre société est très inégalitaire, partagée entre des gens très pauvres et des gens très riches. La moitié de notre population active se retrouve plongée dans la précarité. Si nous ne l’avons pas tous vécu de la même manière, nous en avons tous souffert. En Argentine, nous avons la chance d’avoir un gouvernement progressiste et social, qui a ouvert le dialogue tripartite. Une série de mesures positives ont été mises en place, comme le revenu familial d’urgence dont 9 millions de personnes ont bénéficié. Les travailleurs se sentent écoutés. Pour s’en sortir, les Etats vont devoir institutionnaliser ce dialogue social.»
Wolfgang Katzian, président de la Confédération autrichienne des syndicats
«Le marché du travail autrichien s’est détérioré à cause de cette crise. Le chômage est à son plus haut niveau depuis l’après-guerre, à savoir 400000 personnes soit 5,5% de la population active. Notre partenariat social, qui était jugé dépassé, a connu une résurrection. Nous avons réussi a trouver des accords, sous les applaudissements du gouvernement et des médias, en évitant notamment à 1,3 million de personnes de perdre leur emploi et en obtenant du gouvernement qu’il étende le travail à court terme indemnisé entre 80% et 100% (sorte de chômage partiel, ndlr). Nous avons également réussi à protéger les travailleurs à hauts risques en mettant en place un congé payé.
Les négociations sont encore en cours, car toutes nos revendications n’ont pas été entendues, comme le versement d’une prime unique de 1000 euros pour ceux qui ont été au front ou encore l’augmentation de l’indemnité chômage (75% au lieu des 55% actuels). Nous avons encore beaucoup de choses à résoudre. Nous devons être solidaires et nous assurer, partout, que ce ne sera pas aux travailleurs de payer la crise!»