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Un congé menstruel à l’ombre des pyramides

Le sphynx et une pyramide.
© CR

L’émission de radio de France Culture rapporte que la première grève connue de l’histoire a eu lieu il y a plus de 3000 ans dans l’Egypte ancienne.

Une émission de France Culture s’est intéressée aux conditions de travail des ouvriers de la Vallée des Rois

Comment s’organisait le monde du travail avant l’invention des syndicats? C’est ce qu’a récemment cherché à savoir Le Cours de l'histoire, l’émission de radio de France Culture animée par Xavier Mauduit. Série en trois volets, «Aux origines du syndicalisme» s’ouvre sur la première grève connue de l’histoire, qui eut lieu il y a plus de 3000 ans dans l’Egypte ancienne. Vers 1166 avant J.-C., sous le règne de Ramsès III, à Deir el-Médina, à deux pas de Louxor, les ouvriers et les artisans chargés de construire et de décorer les tombeaux et les temples funéraires de la Vallée des Rois souffrent d’un manque d’approvisionnement et décident de poser leurs outils et d’occuper des bâtiments. «Si nous en sommes arrivés à ce point, c'est à cause de la faim, à cause de la soif. Il n’y a pas de vêtements, pas d’onguent, pas de poissons, pas de légumes», déclarent-ils à un scribe qui a rédigé un papyrus. «Ces ouvriers étaient-ils des esclaves?» demande l’animateur à ses deux invités, Pierre Tallet, archéologue titulaire de la chaire d'égyptologie de la Sorbonne, et Guillemette Andreu-Lanoë, directrice du département égyptien du musée du Louvre et spécialiste du site de Deir el-Médina. «Les ouvriers travaillant sous le fouet, c’est une fausse vision. Pour construire un monument comme une pyramide, il faut des spécialistes et non pas seulement une main-d’œuvre brute», répond le premier.

Motifs d’absence pluriels

Si le gros des troupes est constitué des carriers occupés à dégager des blocs et à creuser la tombe royale, on dénombre aussi des tailleurs de pierre, géologues, métallurgistes, charpentiers, jardiniers, scribes, contrôleurs ou encore des personnes chargées de l’alimentation. «Ce sont des travailleurs», souligne, pour sa part, Guillemette Andreu-Lanoë. En l’espace d’une heure, avec son collègue, elle livre une foule d’anecdotes remettant en question notre vision de l’Egypte ancienne. Les motifs d’absence au travail des ouvriers de Deir el-Médina, mentionnés sur des papyrus, méritent, par exemple, qu’on s’y attarde: «L’un prend son congé, deux autres ne viennent pas parce qu’ils ont participé à une beuverie, un troisième construit sa maison et il n’a pas le temps de venir travailler. Il y a aussi les services rendus à d’autres: l’un transporte des pierres pour le scribe, tandis qu’un second prépare des médicaments pour l’épouse du scribe; il y a quelque chose de très intéressant, certains ne viennent pas parce que leur épouse ou leur fille ont leurs règles. Parmi les motifs, il faut encore citer le brassage de la bière et les deuils avec les momifications de membres de la famille», raconte Guillemette Andreu-Lanoë.

Peste et augmentation de salaire

Après l’Antiquité, le deuxième volet de la série nous emmène au Moyen Age, où dans les villes des associations de travailleurs voient le jour. «Toute une série de métiers s’organisent et s’adressent à un moment ou à un autre au seigneur pour faire reconnaître et accepter leur organisation», explique Julie Claustre, maîtresse de conférences à la Sorbonne. Ces communautés de métiers encadrent la vie professionnelle et garantissent une qualité de production. «La dignité des travailleurs est indexée sur ce savoir-faire qualitatif.» Au milieu du XIVe siècle, la peste provoque une pénurie de main-d’œuvre dont profiteront les travailleurs pour se faire payer plus cher, indique, de son côté, François Rivière du Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris.

Le dernier volet d’«Aux origines du syndicalisme» s’intéresse à la corporation parisienne des Six Corps réunissant au temps des Lumières drapiers, épiciers-apothicaires, merciers, fourreurs, bonnetiers et orfèvres. On peine toutefois à trouver dans ces marchands accédant aux charges les plus importantes de la ville l’une des origines du syndicalisme.

«Aux origines du syndicalisme», podcasts à écouter sur: radiofrance.fr

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