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Unia demande à Geneux Dancet de rendre des comptes

Travailleurs, bras croisés.
© Thierry Porchet

Après 45 minutes d’attente devant l’entreprise, la direction a enfin ouvert sa porte et pris note des revendications des travailleurs licenciés. Une réponse devrait être transmise cette semaine.

Une entreprise active dans le second œuvre à Meyrin a licencié cinq de ses neuf employés. Certains ont plus de 50 ans. Les motifs économiques évoqués ne semblent pas tenir la route, tant le nombre de commandes est élevé. Soutenus par Unia, les travailleurs craignent une volonté de sous-traiter les travaux. Une réponse à leurs doléances devrait leur parvenir cette semaine

Fin janvier, cinq des neuf employés de Geneux Dancet SAV sont convoqués les uns après les autres par la direction, qui leur demande de signer une lettre de licenciement. Ceux qui ont refusé de la signer auraient subi des pressions pour le faire de la part de leurs supérieurs. «Oralement, la direction, qui a changé récemment, leur a dit que c’était lié à des problèmes économiques, mais sur la lettre, le motif invoqué est une restructuration interne. Il y a donc déjà un problème», rapporte José Sebastiao, secrétaire syndical en charge du dossier. «S’il s’agit réellement d’un licenciement économique, l’entreprise doit accorder un délai de congé de six mois aux plus de 50 ans, pas de trois mois.» Le syndicat et les travailleurs ont du mal à croire que l’entreprise basée à Meyrin soit en difficulté financière. «Les carnets de commandes sont pleins, il y a du travail à revendre et de plus en plus de temporaires sont embauchés sur les chantiers. On ne comprend pas ces licenciements», insiste le syndicaliste, qui ajoute que d’autres pourraient prochainement être annoncés.

Sur ces cinq licenciements, on retrouve des travailleurs de 50 ans et plus. La CCT du second œuvre romand prévoit que l’employeur doit «éviter au maximum» de licencier ses employés âgés de plus de 50 ans. Manifestement, regrette Unia, cela n’a pas été respecté.

Les travailleurs ont également signalé d’autres problématiques, comme la mise en place de caméras de surveillance dans l’atelier filmant directement les employés, ou encore de traceurs sur les camionnettes depuis l’annonce des licenciements.

Revendications

Au vu de tous ces éléments, le syndicat a contacté à deux reprises la direction de Geneux Dancet SA, dont dépend l’entité Geneux Dancet SAV, afin d’agender une rencontre. En vain. Unia a donc décidé de dénoncer publiquement cette attitude et est allé toquer à la porte de la direction le 17 février. «Après 45 minutes d’attente, nous avons enfin été reçus par la direction, qui a pris note de nos revendications et s’est engagée à nous faire un retour dans la semaine qui suit», rapporte José Sebastiao. Parmi elles, on retrouve l’annulation des licenciements, le retrait des caméras et des traceurs, la liste des chantiers en cours avec les délais de fin, le nombre de travailleurs temporaires, la liste des sous-traitants et une copie des comptes et des bilans de l’entreprise pour confirmer sa mauvaise santé financière. «Si le but de ces licenciements est de faire des économies sur le dos des travailleurs, en se débarrassant des fixes pour recourir à des temporaires et à la sous-traitance des chantiers, nous ne sommes pas d’accord! Si cette entreprise est rentable, nous devons sauver les emplois!» conclut le secrétaire syndical.

Rencontré sur place dans les locaux, le directeur financier a refusé de s’exprimer devant la presse à ce sujet. Il a tout de même signalé que les caméras de surveillance avaient tout de suite été enlevées après l’entrevue avec Unia.

Témoignages

Sébastien, ferblantier, 5 ans dans l’entreprise

«Nous avons appris que nous allions être licenciés par des entreprises concurrentes sur les chantiers, qui nous racontaient que Geneux Dancet cherchait à revendre ses machines. Personne ne s’y attendait. J’ai été dévasté. C’est la manière de faire qui a été violente. Au début, j’ai refusé de signer ma lettre de licenciement, et on m’a dit que si je ne la signais pas, il y aurait des conséquences, notamment qu’on ne me ferait pas de lettre de recommandation et qu’on ferait tout pour que je ne retrouve pas d’emploi. J’ai fini par céder.

Pour le reste, c’est une entreprise qui est implantée à Genève depuis longtemps, qui a des soumissions. Elle n’a même pas besoin de prospecter pour obtenir les chantiers, ça lui tombe tout cuit dans la bouche. C’est donc difficile de croire qu’elle soit en difficulté.»


Louis*, 24 ans d’ancienneté

«Nous voulons savoir à quelle sauce nous allons être mangés et quelles sont les vraies motivations de ces licenciements. Si c’est économique, on peut l’entendre, mais sinon, c’est différent. Et puis, retrouver du travail passé un certain âge devient plus compliqué. Cela me fait peur pour l’avenir.»


Marcel*, de longue date dans l’entreprise

«Nous sommes les premiers à être licenciés mais sans doute pas les derniers. La direction a clairement annoncé qu’elle voulait liquider notre entité, Geneux Dancet SAV, pour maintenir Geneux Dancet SA à flot. On nous demande donc de nous sacrifier pour sauver le reste de l’entreprise. Pourtant, le travail est là: nous savons que 3 millions de francs de travaux ont été signés pour 2022: qui va faire ce travail? Quant à nous, nous allons perdre vingt ans de carrière et devoir repartir de zéro.»

* Prénoms d’emprunt.

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