Julian Assange a remporté une victoire d’étape lundi. La justice britannique a, en effet, accordé au lanceur d’alerte le droit de déposer un appel contre son extradition vers les Etats-Unis.
Rappelons que le fondateur de WikiLeaks y risque 175 ans de prison, poursuivi au titre de l’Espionage Act pour avoir divulgué depuis 2010 plus de 700000 documents classifiés. Publiés en partenariat avec de grands médias, ces documents ont jeté une lumière crue sur les activités militaires et diplomatiques étasuniennes, en particulier en Irak et en Afghanistan. On se souvient d’une vidéo montrant ainsi des civils irakiens abattus par un hélicoptère étasunien. Les révélations avaient provoqué la fureur du Pentagone et les Etats-Unis n’ont eu de cesse depuis de traquer et de tenter de discréditer l’Australien, mobilisant à cette fin leurs alliés. Sous le coup d’un mandat d’arrêt, Julian Assange a dû vivre en résidence surveillée entre 2010 et 2012, puis il a trouvé refuge à l’ambassade d’Equateur, où il a vécu confiné durant sept ans. Livré par les autorités de ce pays lors d’un changement de gouvernement, il est depuis détenu à la prison de haute sécurité de Belmarsh dans des conditions difficiles et sous la menace permanente d’une extradition vers les Etats-Unis.
Durant une précédente audience, en février, ses avocats avaient plaidé l’argument qu’il ne pourrait pas, s’il était jugé aux Etats-Unis, bénéficier du Premier amendement, qui garantit la liberté d’expression, comme un citoyen étasunien, ni faire valoir son statut de journaliste. Ils craignaient aussi qu’une fois extradé, il puisse être inculpé pour d’autres faits et encourir la peine de mort. Les juges de la Haute Cour britannique se sont alors tournés vers le Gouvernement américain, qui a donné des assurances sur le second point, mais pas sur l’application du Premier amendement, qui ne peut pas être garanti a priori.
«Les juges ont pris la bonne décision», a estimé la présidente de la Fédération internationale des journalistes, Dominique Pradalié, présente à l’audience. «La menace pour la liberté d'expression que cette tentative de poursuite crée devrait nous préoccuper tous. Il en va de même pour la santé de Julian Assange. Il devrait être libéré immédiatement.»
Le Premier ministre australien, le travailliste Anthony Albanese, a également lancé un appel à la libération du célèbre détenu. Le président Joe Biden a laissé entendre qu’il pourrait effectivement abandonner les poursuites. Let him go Joe! (Laisse-le partir Joe!), pouvait-on lire lundi sur une banderole de la Fédération internationale des journalistes.