Les salaires minimums dans l’hôtellerie-restauration resteront gelés cette année et la suivante. Le point avec le responsable de branche d’Unia
Pas d’augmentation des salaires minimums dans l’hôtellerie-restauration en 2020 et en 2021. Les partenaires sociaux, soit les syndicats, Unia, Syna et Hotel & Gastro Union, et les associations patronales GastroSuisse, HotellerieSuisse et Swiss Catering Association SCA ont annoncé un gel des revenus dans le secteur, frappé de plein fouet par la pandémie de coronavirus. La crise sanitaire a ainsi achevé de couper l’herbe sous le pied des représentants des travailleurs qui réclamaient des rémunérations à la hausse. La bataille avait été entamée l’an passé, dans le cadre du renouvellement de la Convention collective nationale de travail (CCNT) et de son extension de force obligatoire, arrivant à échéance fin décembre prochain. Sans succès. «La conjoncture économique était alors pourtant favorable. Mais GastroSuisse a mis un terme aux pourparlers pour le renouvellement de la CCNT en mai 2019», explique Mauro Moretto, responsable de la branche à Unia. Et de préciser que GastroSuisse s’est particulièrement irrité du soutien syndical apporté aux salaires minimums cantonaux comme à Neuchâtel, à Bâle et à Genève où ils seront soumis au verdict des urnes en septembre. «L’association patronale nous a accusés de double jeu. Et a menacé de se retirer de la CCNT. En fait, nous nous sommes toujours battus pour l’évolution des revenus, dans les conventions ou par d’autres biais.» Un combat d’autant plus important que les salaires minimums en vigueur dans certains cantons sont plus élevés que ceux prévus par la CCNT notamment si l’on tient compte de la durée du travail hebdomadaire.
Pesée d’intérêt
Quoi qu’il en soit, les organisations des travailleurs n’ont pas pour autant renoncé à mener la lutte et ont saisi le Tribunal arbitral, en l’occurrence la Cour suprême du canton de Berne. Avant de faire marche arrière et de retirer leur recours qui aurait dû faire l’objet d’une décision ce 2 juillet. «Les pourparlers en vue du renouvellement de la Convention étaient bloqués. L’automne dernier, nous demandions au moins de prolonger l’extension de son champ d’application obligatoire d’une année. Dans l’intervalle est arrivée la pandémie avec ses conséquences particulièrement difficiles pour la branche. Il a fallu procéder à une pesée d’intérêt.» Les syndicats ont alors réclamé un allongement de la validité de la CCNT de deux ans et son application contraignante. Aujourd’hui, les partenaires sociaux s’apprêtent à solliciter le Conseil fédéral dans ce sens. Si Mauro Moretto regrette l’échec des négociations salariales, il temporise: «Selon les pronostics, cette année et l’an prochain, il ne devrait pas y avoir de renchérissement du coût de la vie. Une augmentation des salaires minimums de 0,2% est prévue en 2022. Mais dans le cadre actuel, plus que jamais, il est primordial de sécuriser la CCNT.» Le syndicaliste note aussi qu’en dépit d’un large recours aux RHT (réductions d’horaire de travail), le chômage a doublé dans le secteur. «Avant la possibilité de réouverture de l’ensemble des établissements le 11 mai, jusqu’à 70% des effectifs étaient soumis à ce régime. On assiste également à quantité de licenciements. L’avenir est encore sombre», conclut le syndicaliste, estimant que, avant le Covid-19, le nombre de personnes travaillant dans le domaine était de 250000.
La semaine dernière, les délégués de branche de l’hôtellerie-restauration d’Unia réunis en assemblée ont validé le résultat des négociations.