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L'apprentissage, lieu de harcèlement

Scène de harcèlement sur le lieu de travail.
© Neil Labrador

Plus de 800 apprentis, dont 61% de femmes, tous secteurs confondus et à différents stades de leur apprentissage, ont participé au sondage entre février et juin 2019.

Mobbing, stress, surmenage et harcèlement sexuel sont le lot d’apprentis, filles et garçons, en Suisse. Unia dénonce et demande des mesures

Une enquête de la jeunesse Unia dévoile une réalité alarmante. Un tiers des plus de 800 jeunes en apprentissage ayant répondu au questionnaire (dont 61% de femmes) ont déjà été harcelés dans le cadre de leur poste de travail. Pour le syndicat, les résultats sont préoccupants. «Nous avons lancé cette enquête, car de nombreux jeunes nous parlaient de leurs problèmes. Mais je ne m’attendais pas du tout à cette ampleur. Qu’autant d’apprentis, filles et garçons, tous secteurs confondus, subissent du harcèlement sexuel sur leur lieu de travail, c’est effrayant !», articule Kathrin Ziltener, secrétaire nationale à la jeunesse d’Unia. Les chiffres parlent d’eux-mêmes: 36% des femmes et 25% des hommes ayant répondu au questionnaire ont vécu des atteintes à leur intégrité. En élargissant la thématique à l’école et à la vie privée, l’enquête montre que 80% des femmes et 48% des hommes disent avoir déjà vécu de telles situations. «Le fait qu’autant d’hommes soient aussi victimes sur leur lieu de travail montre que les jeunes en étant tout en bas de la hiérarchie sont particulièrement fragilisés.» Si les allusions sexuelles ou les remarques désobligeantes sont la forme la plus répandue, seules 16% des personnes concernées n’ont été touchées que par ce type de harcèlement. Pour le syndicat, «cela montre qu’un premier dépassement des limites est fréquemment suivi d’un second, souvent plus grave».

Mobbing et stress

De surcroît, 31% des jeunes interrogés disent avoir vécu des situations de mobbing, 70% se sentent régulièrement stressés et 63% doivent faire des heures supplémentaires. Près de la moitié se sentent surmenés. Or, la Loi sur le travail (LTr) stipule que les jeunes travailleurs de moins de 18 ans ont droit à une protection accrue: «L’employeur doit avoir les égards voulus pour la santé des jeunes gens et veiller à la sauvegarde de la moralité. Il doit veiller notamment à ce qu’ils ne soient pas surmenés ni exposés à de mauvaises influences dans l’entreprise.» La durée de travail ne devrait pas excéder neuf heures, y compris «le travail supplémentaire et le temps consacré pendant les heures de travail aux cours obligatoires». Sauf dérogations prévues par voie d’ordonnance, l’employeur n’est autorisé à occuper des jeunes travailleurs ni la nuit, ni le dimanche.

Pour Unia, il est impératif d’imposer la protection légale des apprentis, notamment en ce qui concerne les heures supplémentaires et le travail de nuit afin d’améliorer les conditions d’apprentissage. «Pour faire face au problème de harcèlement sexuel, les entreprises doivent mettre en place une politique de tolérance zéro et, par conséquent, édicter des règlements clairs, créer un service de contact dans ou en dehors de l’entreprise et prévoir des sanctions pour les collaboratrices et collaborateurs fautifs». Concernant les abus sexuels, le syndicat demande l’inversion du fardeau de la preuve, pour que les victimes osent davantage s’adresser à la police.

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