Les jeunes tirent la sonnette d’alarme
Près de 22 000 écoliers et étudiants suisses ont fait la grève pour sommer « ceux d’en haut » d’agir face à l’urgence climatique. Reportage à Genève
«Il n’y a pas de planète B», «Sans nature, pas de futur», «Les dinosaures aussi pensaient qu’ils avaient encore du temps», «Si le climat était une banque, il aurait déjà été sauvé» ou encore «La planète est plus chaude que mon mec». L’ambiance de la grève du climat à Genève est légère et bon enfant, mais le thème est grave, et ces 4000 jeunes entre 12 et 20 ans le savent. En ce 18 janvier, ils se sont massivement mobilisés pour dire stop au laxisme et à l’inaction des élus du pays, et réclament des mesures politiques urgentes en matière d’environnement. «Nous devons changer notre manière de vivre de façon individuelle mais aussi collective», lance l’un d’entre eux au micro. Réunis au parc des Bastions, les manifestants ont ensuite traversé la ville pour rejoindre la place des Nations.
Au total, ils étaient environ 22 000 à défiler dans une quinzaine de villes en Suisse. Outre Genève, entre 8000 et 10 000 jeunes vaudois ont fait grève et manifesté à Lausanne, 2000 à Zurich, 1500 à Neuchâtel, autant à Fribourg et 300 à Sion. Parti de Suède, grâce à la désormais très médiatisée Greta Thunberg, le mouvement de grève scolaire pour le climat a fait tâche d’huile. En Suisse, une première mobilisation a eu lieu à Zurich le 14 décembre, rassemblant quelques centaines d’étudiants. Le phénomène a rapidement pris de l’ampleur, et il se pourrait bien qu’ils n’aient pas dit leur dernier mot…
TÉMOIGNAGES
Carolina, 18 ans, collégienne
«Pour une fois, nous avons l’opportunité de manifester pour une cause à laquelle on tient. On dit souvent que les jeunes sont passifs, aujourd’hui on prouve le contraire, et plus nous serons nombreux, plus on nous prendra au sérieux. Ce sont toujours les vieux qui décident pour nous alors qu’il s’agit de notre avenir. Cette grève a aussi pour but de sensibiliser ceux qui ont le droit de vote ainsi que les gens d’en haut, car nous avons besoin d’eux pour que les lois bougent. Il faut agir maintenant pour changer les choses, il y a urgence, on ne peut pas attendre 2050! Mes parents et ceux de mes amis nous soutiennent, ils trouvent important qu’on se mobilise et qu’on s’organise.»
Léonie, 16 ans, collégienne
«Le fait que ce soit un mouvement d’étudiants est assez intéressant. Pour une fois, ce ne sont pas les adultes mais les élèves qui prennent le sujet en mains. On vit une situation d’urgence. Il n’est pas trop tard pour faire avancer les choses mais il faut s’y prendre maintenant et c’est aussi à nous d’agir!»
Juliette, 15 ans, collégienne
«Nous sommes là pour faire comprendre au gouvernement qu’il doit s’impliquer en matière d’écologie, par exemple en légiférant pour la suppression des plastiques à usage unique ou en recourant davantage aux énergies renouvelables. De notre côté, nous devons aussi manger bio et réduire notre consommation de viande. A la maison, on essaie de manger des produits qui viennent de la région, on a une voiture électrique, on fait le tri et notre sapin venait de Suisse.»
Nemo, 17 ans, apprenti menuisier, et Nicolas, 18 ans, étudiant à l’Ecole de culture générale
«Le climat se réchauffe de plus en plus. Personne n’a rien fait ces dernières décennies, c’est donc à nous d’agir et de prendre nos responsabilités. On se doit d’être là. Au quotidien, on fait des petits gestes pour limiter notre impact sur la planète: se déplacer en vélo ou en transports en commun, trier les déchets, mais nous avons besoin du gouvernement pour faire évoluer les choses en profondeur.»
Solan, 12 ans, cycle d’orientation
«L’avenir sera vert ou ne sera pas. Notre futur dépend de ça et le climat doit changer. Ça ne sert à rien de travailler à l’école si on n’a pas d’avenir. Avec mes parents, qui ont signé une décharge pour que je participe à cette grève, on prend moins l’avion et on fait attention à ce qu’on consomme, c’est important.»
Kilian, 18 ans, collégien
«C’est déjà catastrophique en 2019, alors qu’est-ce que ce sera dans dix ans? C’est notre futur et c’est à nous de gérer la suite. Pour ma part, c’est Greta Thunberg, la jeune Suédoise, qui m’a inspiré et poussé à me mobiliser. Ce n’est pas notre sujet de discussion principal, mais on en parle beaucoup, aussi en cours. Les jeunes sont conscients et s’intéressent à ce problème.»