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Les maçons se préparent à une grande démonstration

Etats généraux de la construction d'Unia en mars 2022.
© Thierry Porchet

Les patrons persistent à ne pas entendre les revendications des maçons. En mars dernier, les 250 travailleurs réunis en états généraux de la construction d’Unia les avaient avertis. Avant d’envisager la grève, ils manifesteront massivement le 25 juin devant le siège de la SSE à Zurich.

Pour débloquer les négociations pour le renouvellement de leur Convention nationale, les travailleurs de la construction manifesteront massivement à Zurich le 25 juin

Tenue le 24 mai dernier, la troisième ronde de négociations pour le renouvellement de la Convention nationale (CN) du secteur principal de la construction, qui expire à la fin de l’année, n’a pas permis de combler le fossé qui sépare les revendications des travailleurs des prétentions des employeurs représentés par la Société suisse des entrepreneurs (SSE). Il s’est, au contraire, creusé.

«Les représentants de la SSE ont annoncé qu’ils voulaient abolir le calendrier des heures de travail, qui détermine en début d’année le planning de travail. Ils nous ont fait comprendre que les 2112 heures annuelles pourraient être réalisées en neuf ou dix mois seulement au rythme de 50 heures par semaine. Les patrons seraient dorénavant libres de fixer au jour le jour les heures de travail. Il deviendrait impossible pour les ouvriers de concilier travail et vie privée, de savoir quand ils doivent être sur le chantier et à quelle heure ils pourront rentrer à la maison le soir. Pour essayer de faire passer la pilule, ils promettent des augmentations de salaire. Ils veulent ainsi acheter la dérégulation du temps de travail et la santé des travailleurs», indique Simon Constantin, membre de la direction du secteur construction d’Unia.

«D’un autre côté, les patrons refusent la discussion avec les syndicats sur les revendications des travailleurs. La manifestation du samedi 25 juin est dès lors capitale.» Ce jour-là, des milliers et des milliers de maçons de tout le pays sont appelés à manifester à Zurich où se trouve le siège de la SSE. «Il faut montrer aux patrons combien de salariés sont déterminés à lutter pour défendre leurs conditions de travail et leurs revendications, notamment des règles claires en cas d’intempéries, le paiement des déplacements, des journées de travail moins longues et plus de respect des maçons», souligne le responsable syndical.

Les travailleurs ne vont pas baisser les bras

Sur les chantiers, c’est l’alarme. «L’heure de la mobilisation pour nos droits, notre santé et des augmentations de salaires méritées a sonné», clame ainsi un tract distribué ces jours à Genève par les syndicats Unia, Syna et Sit.

«Pour le renouvellement de la Convention collective genevoise, nous avons demandé 2% d’augmentation des salaires, mais la réponse a été niet. La section genevoise de la SSE partage la ligne dure de la faîtière, son président, René Leutwyler, siège d’ailleurs au comité dirigeant de l’organisation», explique Carlos Massas, permanent de Syna Genève, rencontré lors d’une action des syndicats sur le chantier de Pont-Rouge.

Les chantiers suisses offriraient cependant des «salaires records», si l’on croit News construction, un journal diffusé par la SSE auprès des ouvriers. Se basant sur son enquête sur les salaires 2022, l’association patronale assure que le salaire moyen dans le secteur principal de la construction se monte à 6204 francs par mois, pas loin du salaire médian suisse. «Les salaires sont certes corrects vis-à-vis d’autres branches, mais les conditions de travail sont difficiles», commente Thierry Horner, secrétaire syndical du Sit, qui considère aussi que ces chiffres masquent des situations de précarité. «Sur ce chantier de Pont-Rouge, on dénombre environ 60% d’employés temporaires. Ils travaillent avec ce statut durant plusieurs années et se retrouvent régulièrement au chômage et à la charge de la collectivité. C’est un modèle d’affaires.»

«Est-ce que les patrons ont publié les résultats des entreprises, les bénéfices des actionnaires et les salaires des directeurs!? Nous avons demandé cette transparence, mais ils la refusent. Ils n’ont pas évoqué non plus l’espérance de vie, qui n’est pas la même que dans les bureaux», s’indigne, de son côté, José Sebastiao. D’ailleurs, si les conditions étaient si roses, la construction n’aurait aucune peine à recruter des jeunes, indique le secrétaire syndical d’Unia Genève. Or, le secteur est victime d’une pénurie de main-d’œuvre, l’âge moyen sur les chantiers s’élève chaque année davantage. «Si les patrons croient que les travailleurs vont baisser les bras, ils se trompent. Ils sont, au contraire, en train d’embraser les chantiers. Nous nous dirigeons vers l’une des plus grandes contestations qu’ait connues le bâtiment.»

Ça va chauffer le 25 juin à Zurich.

Manifestation de la construction le 25 juin à Zurich, trains et bus gratuits au départ des principales agglomérations du pays.

Horaires et inscriptions sur: unia.ch

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