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Politique climatique: la Suisse peut mieux faire!

Personnes portant des banderoles.
© MIRIAM KÜNZLI/GREENPEACE

Les Aînées pour le climat réclamaient en juin 2024 déjà le respect du verdict de la Cour européenne des droits de l’homme.

La Suisse ne remplit toujours pas les exigences de l’arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire des Aînées pour le climat, dénoncent ces dernières. Le temps presse.

La Suisse n’en fait pas assez pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C et doit rectifier le tir. Telle a été la déclaration du Comité des ministres du Conseil de l’Europe début mars, celui-ci ajoutant que la Suisse ne remplit actuellement pas les exigences de l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) dans l’affaire des Aînées pour le climat Suisse.
Pour bref rappel, dans son arrêt du 9 avril 2024, la CEDH stipulait que les Etats sont tenus d’adopter des lois et de mettre en œuvre des politiques visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à atténuer les dérèglements climatiques, dans le but de protéger les citoyens contre leurs conséquences nocives sur la vie, la santé, le bien-être et la qualité de vie. «La CEDH estime que la politique climatique menée par la Suisse est insuffisante pour respecter cette limite, et qu’elle bafoue ainsi les droits humains», rappelle Greenpeace dans un communiqué de presse. Six mois plus tard, le Conseil fédéral faisait savoir au Comité des ministres qu’il considérait que le verdict était déjà appliqué, et demande donc le classement de l’affaire… Entre-temps, les Aînées pour le climat Suisse, une large coalition d’ONG et l’Institution suisse des droits humains (ISDH) ont démontré, à la mi-janvier, au Comité des ministres que la politique climatique suisse est loin de remplir les exigences fixées par l’arrêt de la CEDH en matière de respect des droits humains. «Si tous les pays agissent comme la Suisse, l’élévation globale des températures pourrait aller jusqu’à 3 °C, alarment les activistes. Les conséquences d’un tel niveau de réchauffement pour les générations actuelles et futures sont catastrophiques.»

Comptes à rendre
Une fois de plus, les Aînées pour le climat sont confortées dans leur position. «Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe n’est pas convaincu par l’argumentation du Conseil fédéral, explique Anne Mahrer, coprésidente des Aînées pour le climat Suisse. La Suisse doit renforcer sa politique climatique afin de cesser de bafouer les droits humains. Il est grand temps pour le Conseil fédéral et le Parlement de prendre au sérieux la menace du réchauffement climatique et de mener des actions décisives pour la contenir.» 
A la demande du Comité des ministres, la Suisse devra d’ici au mois de septembre prochain préciser les bases de sa politique climatique, notamment chiffrer les émissions prévues pour le pays en utilisant un budget carbone national. De plus, le Conseil fédéral devra tenir le Comité des ministres informé des mesures prises et envisagées pour protéger concrètement les personnes vulnérables, par exemple lors de vagues de chaleur. Il doit également fournir des exemples concrets de l’implication effective de la population dans l’élaboration des mesures de protection du climat. 

Prendre ses responsabilités
Les activistes rappellent dans leur communiqué que, pour éviter des conséquences dévastatrices pour les droits humains, l’élévation globale du niveau des températures doit rester limitée à 1,5 °C. Et que pour y parvenir, les émissions de gaz à effet de serre doivent être réduites très rapidement au niveau mondial. «La quantité globale restante de CO2 que l’atmosphère peut encore absorber sans se réchauffer au-delà de 1,5 °C est limitée. Les scientifiques parlent de budget carbone. Les analyses scientifiques montrent clairement qu’avec sa politique climatique actuelle, la Suisse accapare une part bien trop importante du budget carbone encore disponible dans le monde pour respecter la limite de 1,5 °C. Si la Suisse continue sur cette voie, elle aura déjà épuisé dans sept ans le budget dont elle dispose encore, selon la variante de calcul la plus optimiste.»
Aujourd’hui, il s’agit de mettre tous les efforts en commun, et d’aller dans le même sens. «Le verdict de la CEDH sur le climat est non seulement important pour la Suisse, mais aussi pour tous les autres pays qui prétendent garantir la protection des libertés fondamentales de leurs citoyens, insistent les militants. Aujourd’hui déjà, les droits humains sont lésés par les conséquences du réchauffement climatique. Pire, la détérioration croissante du climat constitue une menace majeure. Chaque pays doit assumer ses responsabilités en s’assurant que ses émissions soient cohérentes avec un partage équitable du budget carbone restant.»

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