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Presse militante = presse populaire!

Portrait de François Ruffin.
© CR

François Ruffin, député LFI et rédacteur en chef de Fakir, lors du débat.

A l’occasion des 30 ans de «Démocratie & Socialisme», mensuel fondé par Gérard Filoche, un débat a été organisé à Paris sur la presse militante. Retour sur cet échange

La presse militante est-elle une presse populaire? C’est en quelque sorte à cette question que s’est résumé un débat qui a eu lieu en décembre 2022 à Paris, sous l’égide du mensuel Démocratie & Socialisme et auquel ont participé des représentants d’une vingtaine de journaux et de revues orientés à gauche. L’Evénement syndical était de la partie.

Démocratie & Socialisme est le journal de la Gauche démocratique et sociale (GDS). Celle-ci n’est pas un parti, mais plutôt un réseau qui rassemble des militants de différents horizons politiques qui travaillent dans une perspective unitaire et qui sont de chauds partisans de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES). Après la catastrophe de l’élection présidentielle d’avril 2022, ce rassemblement, dont les principales composantes sont La France insoumise (LFI), le Parti socialiste (PS), le Parti communiste (PC) et les Verts, a permis à la gauche française de faire assez bonne figure lors des élections législatives du mois de juin.

30 ans déjà

Le débat avait été organisé à l’occasion du 30e anniversaire de ce mensuel fondé par Gérard Filoche. Inspecteur du travail, syndicaliste CGT, infatigable militant passé de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) au PS pour finir par en sortir, Gérard Filoche est déjà venu plusieurs fois en Suisse, pour donner des conférences et débattre avec des permanents et des militants du syndicat Unia.

Fakir, L’Humanité, Politis

La presse militante française est riche et diversifiée. On y trouve notamment L’Humanité, le quotidien du PC; Fakir, le journal créé par le député insoumis François Ruffin; Politis; Siné mensuel; Contretemps, revue de critique communiste dirigée par Francis Sitel et fort bien documentée; ou encore Basta!, un média d’information en ligne d’actualité écologique et sociale. A ces médias s’ajoutent bien sûr les publications des différentes organisations syndicales (CGT, CFDT, Force ouvrière, etc.).

Contre la presse des milliardaires

Cette diversité est enrichissante, mais aussi problématique. Comme l’a souligné un intervenant, comment contrer la «presse des milliardaires» avec des journaux et des revues qui ont des tirages de quelques dizaines de milliers d’exemplaires, voire de quelques milliers seulement? La question est pertinente. Car Vincent Bolloré, patron de choc et ami d’Eric Zemmour, possède les maisons d’édition du groupe Editis, l’agence de communication Havas (publicité), des chaînes de télévision telles que Canal+, C8, CNews et la radio Europe 1. Il est aussi présent dans la presse écrite (Prisma Media, premier groupe de magazines en France: Journal du Dimanche, Paris Match, Géo ou Ça m’intéresse).

Pas de journaux populaires

A cette question quantitative s’ajoute celle du ou des contenus. «Il n’y a pas de journaux de gauche populaires en France», a ainsi lancé Daniel Mermet, qui dirige le site web d’information Là-bas si j’y suis, lequel propose des articles quotidiens, site reconnu comme service de presse en ligne d'information politique et générale par la Commission paritaire des publications et des agences de presse. L’affirmation est quelque peu excessive, mais en tous les cas pas une autre de ses déclarations, à savoir que la presse alternative française, comme d’ailleurs beaucoup de «grands» médias, «ne s’intéresse pas beaucoup au reste du monde». Concrètement, ce débat n’aura pas réglé de problèmes, mais il aura posé quelques questions fondamentales auxquelles la presse syndicale se doit de répondre. Y compris L’Evénement syndical, lequel, sans tomber dans une autosatisfaction béate, nous semble avoir réussi ce pari d’un journal syndical à la fois populaire et de qualité.

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