En vue de la Grève des femmes du 14 juin, l’un des juristes d’Unia livre quelques conseils pour s’organiser au mieux et se protéger
La grève féministe du 14 juin approche à grands pas. Si certaines n’ont aucun doute sur le fait qu’elles croiseront les bras ce jour-là, au travail et à la maison, d’autres femmes hésitent et s’interrogent sur leurs droits. Selon Adrian Streit, juriste à Unia Vaud, le mieux est de l’annoncer en amont à l’employeur. «Faire grève par surprise est déconseillé, il est préférable de prévenir son patron, avec fierté, et, pourquoi pas, lui exposer les motifs de votre participation. Pointer du doigt une problématique ou une discrimination au sein de l’entreprise et la thématiser est aussi une option intéressante pour faire avancer le débat.»
Evidemment, et c’est une question centrale, personne ne peut garantir qu’il n’y aura pas de licenciement en représailles d’une participation à la grève. Cela dit, afin d’éviter d’en arriver là, il faut s’organiser collectivement. «Plus on collectivise, plus on légitimise la cause et plus on est forts, souligne le juriste. Si toutes les femmes d’une entreprise se mobilisent, la direction ne pourra pas toutes les licencier. Organisez-vous, faites appel à votre syndicat et restez ensemble!»
Faire cavalier seul n’est donc pas recommandé. Pour les femmes peu représentées, isolées sur leur lieu de travail ou contraintes d’assurer un service minimum, on peut trouver des formes alternatives de mobilisation: prendre congé le 14 juin pour participer aux mobilisations sereinement, porter un signe distinctif (badge, vêtements ou maquillage violet) ou encore rendre visibles ses revendications à travers des banderoles ou des affiches sont aussi des façons de se mobiliser et de sensibiliser ses collègues, les passants ou les clients.
«Il est par ailleurs important de savoir qu’un employeur a le droit de déduire le jour grévé du salaire ou de l’inscrire en heures négatives, rappelle le juriste. Par contre, sauf en cas d’accord avec l’employé, il n’a pas le droit de le compter en jour de vacances.»
Légale ou pas?
Sur la question juridique de la légalité, ou pas, de la grève du 14 juin, Adrian Streit apporte son éclairage: «Pour être licite, une grève doit répondre à certains critères, qui sont toujours sujets à interprétation par les tribunaux. Il n’y a donc aucune certitude de savoir en amont si une grève sera jugée licite ou pas.» Les critères les plus importants qui font débat concernant la grève féministe sont d’abord la proportionnalité, c’est-à-dire notamment le fait qu’elle doive être utilisée en dernier recours. Par ailleurs, pour être licite, la grève doit être menée contre un employeur ou une branche, et doit concerner un sujet qui puisse être réglé au sein d’une CCT. «L’égalité hommes-femmes est une revendication essentiellement politique, ce qui fait en théorie de la grève du 14 juin une grève illicite, raisonne Adrian Streit. Cela étant dit, même si elle était illicite parce qu’elle sort du cadre de l’entreprise, cette mobilisation, si elle est massive, peut avoir une légitimité politique très forte.»