Alors que les associations patronales refusent d’entrer en matière sur les 100 francs d’augmentation par mois exigés par Unia, les travailleurs protestent aux quatre coins de la Romandie
Il est 12h, vendredi dernier, quand les travailleurs rejoignent les cabanes pour manger. Sur ce chantier de rénovation genevois à la place Jean-Marteau, juste en face du lac, 136 ouvriers se côtoient, dont une cinquantaine issus du second œuvre. Ce midi-là, ils marqueront une pause prolongée en compagnie d’Unia, venu apporter grillades et salades pour l’événement.
Le contexte est le suivant: le 23 octobre ont débuté les négociations salariales dans le SOR (second œuvre romand), qui regroupe environ 20000 salariés dans les branches de la menuiserie, de la plâtrerie, de la peinture et de la pose des sols. A cette occasion, le syndicat a revendiqué une revalorisation de 100 francs par mois afin de faire face à la baisse continuelle du pouvoir d’achat, notamment en lien avec la hausse des primes d’assurance maladie mais aussi des loyers. Pour rappel, une récente enquête d’Unia a montré que 80% des employés du SOR doivent renoncer à des loisirs et à des vacances, et que 20% n’arrivent plus à payer leurs factures. Malgré une conjoncture au beau fixe – rappelons que la productivité a augmenté de 7,5% entre 2013 et 2017 – les patrons ont refusé d’entrer en matière. «Nous nous sommes retrouvés face à un mur, rapporte Aldo Ferrari, vice-président d’Unia et responsable de la délégation du syndicat pour les négociations. Les employeurs ne sont pas prêts à faire un pas dans notre sens.»
Alors que les maçons et les électriciens bénéficieront d’une augmentation de salaire en 2020, les travailleurs du second œuvre n’acceptent pas d’être laissés de côté. «Il y a une forte attente de la part des employés, poursuit le syndicaliste. Dans le secteur où nous avons le plus grand manque de travailleurs qualifiés mais aussi un énorme volume de travail, il est grand temps qu’une véritable redistribution salariale s’opère.»
Injustice et incompréhension
Les travailleurs genevois n’étaient pas les seuls à se mobiliser ce 25 octobre. Tous les cantons romands ont répondu à l’appel. A Fribourg, 140 personnes ont déposé leurs outils à Estavayer-le-Lac et à La Tour-de-Trême. Les Valaisans ont aussi joué le jeu dans tout le canton, notamment sur le chantier de la caisse de pension du second œuvre valaisan à Monthey, où une cinquantaine de salariés ont marqué une pause prolongée le matin pour exprimer leur désaccord. Enfin, à Neuchâtel et dans la région Transjurane, des actions similaires ont également été suivies, en particulier à Malleray. De leur côté, les Vaudois avaient lancé le coup d’envoi de la protestation le 18 octobre lors d’une action sur le chantier du nouveau quartier de l’Echo Parc à Bussigny, qui a réuni une centaine de personnes.
Retour sur le chantier genevois, où le moment est propice à la discussion et aux échanges avec les syndicalistes. Les travailleurs ont du mal à encaisser le refus des patrons d’augmenter les salaires. «On nous demande de travailler toujours plus et de plus en plus vite et, en échange, les patrons ne veulent faire aucun effort, réagit l’un d’eux. Ce n’est pas motivant pour nous.» Il y a aussi ce sentiment d’injustice qui prédomine. «Les travailleurs du SOR ne comprennent pas pourquoi ils sont traités si différemment de leurs collègues de la construction et de la métallurgie», explique José Sebastiao, secrétaire syndical à Unia Genève.
Une nouvelle séance de négociations aura lieu de 13 novembre prochain. «Nous attendons des associations patronales qu’elles viennent avec une proposition concrète d’augmentation de salaire plus que méritée et attendue, insiste Aldo Ferrari. Jusque-là, nous serons activement présents sur les chantiers.» La mobilisation continue, donc...
Plus d’infos sur: unia.ch/sor