Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Préférence cantonale genevoise: la CGAS dénonce une imposture

Les employeurs genevois et le Département de l’emploi s’allient sur une proposition qui n’aura pour effet qu’une plus grande stigmatisation des salariés immigrés

A Genève, le Département de la sécurité, de l'emploi et de la santé, l'Office cantonal de l'emploi (OCE) et deux associations patronales, la FER et l’UAPG, ont conclu un accord de partenariat visant à favoriser le recrutement de chômeurs inscrits à l’OCE. Les entreprises du bout du lac vont être invitées à signer une charte dans laquelle elles s’engageront à transmettre à l’OCE leurs places vacantes. En retour, l’Office promet de présenter dans les cinq jours ouvrables suivant la réception de l'annonce jusqu'à cinq candidatures ciblées.

Depuis 2014, l'administration cantonale, les entreprises publiques et les entités subventionnées appliquent déjà un tel système. Avec quels résultats? Si l’on se penche sur le nombre des demandeurs d’emploi inscrits à l’OCE engagés par l’Etat, on voit qu’il est passé entre 2013 et 2018 de 33% à 77%. Dans les institutions et les entités subventionnées, par contre, le chiffre a, pour la même période, marqué le pas, de 64% à 62%. Transmettre des offres d’emploi prioritairement à l’OCE pourrait ne relever que du bon sens si la mesure, portée par le conseiller d’Etat Mauro Poggia dont le parti, le MCG, fait de la préférence cantonale son cheval de bataille, ne prenait un caractère politique. A trois mois de la votation sur l’initiative de limitation de l’UDC, cela a le don d’irriter les syndicats, qui dénoncent «l’imposture» de présenter ce dispositif comme une solution au chômage. Celui-ci «n’est que très marginalement causé par des effets de substitution en lien avec la libre circulation des personnes. Il est le résultat d’un développement économique déséquilibré, provoquant la destruction de plusieurs dizaines de milliers d’emplois industriels et à basse qualification», écrit dans un communiqué la Communauté genevoise d’action syndicale, qui estime que la lutte contre le chômage passe par une politique de création d’emplois dans les services publics et dans le secteur écologique.

Pour la faîtière syndicale, la préférence cantonale ne peut que «stigmatiser davantage les salariés immigrés comme responsables des tensions sur le marché du travail». «Les patrons genevois n’ont pas appris des exemples dans d’autres pays en Europe: en banalisant les arguments de l’extrême droite, on n’affaiblit pas son discours, au contraire, on contribue à le légitimer.» Rappelons que le MCG a été créé en 2005 par Georges Letellier, un Franco-Suisse adhérent du Front national, qui a transposé dans ce parti le concept de préférence nationale lepéniste.

Pour aller plus loin

Quand le patron abandonne son poste

Les employés de Carletti

Des employés d’une entreprise genevoise de plomberie sont restés sans nouvelles de leur patron pendant deux semaines, puis ils ont été licenciés sans être payés. Unia est sur le dossier

Travail forcé: davantage de victimes et des profits faramineux

Le travail forcé génère, dans l’économie privée, 236 milliards de dollars de bénéfices illégaux par an, soit, depuis sept ans, 37% de plus.

Le travail contraint dans le secteur privé a augmenté, selon une nouvelle étude internationale consacrée à la question

Le travail, bonheur pour les uns, fardeau pour les autres

Selon Paul Magnette, différents indicateurs comme la croissance des pathologies professionnelles (maux de dos ou de tête, dépressions, burn-out) expriment le désir d’autres formes de travail.

Quand la moitié de nos contemporains disent s’épanouir dans leur emploi, l’ouvrage «L’autre moitié du monde» relève qu’un salarié sur deux vit dans la souffrance

Colloque sur la traite des êtres humains

Affiche du colloque.

Dans le cadre des Semaines d’action contre la traite des êtres humains, Unia organise un colloque sur la thématique en lien avec l’exploitation au travail. Ce colloque aura lieu le...