Témoignages
Louiza*, femme de ménage
«Je travaille pour MénageSimple en tant que femme de ménage pour les particuliers et les entreprises, qui fixe nos heures de travail et notre salaire. Avant l’épidémie de Covid-19, je travaillais jusqu’à 150 heures par mois, mais le mois dernier je n’ai fait que 50 heures, car la plupart des clients ont annulé les prestations comme ils sont confinés chez eux. Certaines familles ont proposé de continuer à nous payer pour que nous ayons notre salaire complet, mais MénageSimple a fait annuler les prestations, nous ne touchons donc que les rares heures que nous effectuons dans le mois. Une collègue a reçu 87 francs le mois dernier. Ce qui est rageant, c’est que nous risquons notre santé sur le terrain et nous ne sommes pas payées à notre juste valeur. Quant à MénageSimple, ils se déchargent de leurs responsabilités et ne compensent pas nos pertes de salaire.»
Antonio, maçon
«Je suis arrivé en Suisse en 2014 et, depuis, je n’ai jamais réussi à obtenir un contrat fixe. A 54 ans, je suis trop vieux et trop cher pour qu’on m’embauche en fixe. Je suis donc temporaire dans la construction. Le 18 mars, mon agence temporaire a mis fin à mon contrat, juste après les annonces officielles en lien avec le coronavirus. Cela faisait deux ans et demi que j’étais chez Implenia. Ils me doivent encore plus de 1500 francs de vacances non prises en 2019. J’ai pu m’inscrire au chômage normal, mais c’est donc à moi d’assumer cette crise en prenant sur mon droit au chômage, ce n’est pas juste.»
Francesca*, industrie alimentaire
«Je suis venue d’Italie il y a neuf mois, car l’agence One Placement me proposait un emploi temporaire chez Ronin Primeurs, consistant en la préparation des aliments. Je n’avais jamais fait cela avant mais ce boulot ne requérait aucun diplôme particulier. Le 12 mars dernier, alors que la fermeture des écoles venait d’être annoncée, l’agence nous a dit qu’il n’y avait plus de travail, que notre activité était suspendue en attendant la reprise. Mes heures effectives ont été payées jusqu’au 12 mars et, depuis, je n’ai plus rien touché. Je n’ai pas formellement été licenciée, mais on nous a envoyé les attestations pour nous inscrire au chômage, donc la situation est floue. Et en même temps, comme cela est arrivé avant que les temporaires puissent toucher le chômage partiel, je n’y aurai pas droit. Quant au chômage classique, je n’aurai sans doute pas assez cotisé pour espérer en bénéficier. C’est très difficile, car nous avons des familles à charge.»
*Prénoms d’emprunt.