Face à la crise du Covid-19 et au quasi-confinement, l’accueil aux plus démunis se réinvente à Lausanne. Et notamment à la fondation Mère Sofia
Restez à la maison! Mais comment quand on n’a pas de toit? C’est ainsi tout un réseau d’aide aux plus précaires qui a dû revoir sa manière de fonctionner, et en urgence, pour respecter les nouvelles consignes de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP). A Lausanne, la fondation Mère Sofia est en première ligne, avec la Soupe (repas quotidien), le Répit (structure de nuit) et l’Echelle (service social mobile). Yan Desarzens, son directeur, explique sans perdre son sourire (dans la voix): «C’est un marathon à une allure de sprinter.» Il salue le travail de ses collaborateurs sur le terrain, la Ville de Lausanne, le Canton et la protection civile. Ainsi, un nouveau lieu d’hébergement a vu le jour dans la salle de sport du Bugnon. Et la caserne du bâtiment administratif de la Pontaise (BAP) a ouvert ses portes aux plus démunis. Un de ses étages devait ouvrir lundi pour les personnes malades, présentant des symptômes ou en quarantaine, en collaboration avec Unisanté, selon Eliane Belser, responsable de l’aide d’urgence à Lausanne. Ce dispositif permet ainsi de décharger les quatre autres lieux d’accueil de nuit aujourd’hui gratuits (au lieu de 5 francs): le Répit, le Sleep-in, la Marmotte et l’Etape. En tout, quelque 200 lits sont à disposition.
Problèmes d’approvisionnement
La Soupe, qui propose des repas chauds chaque soir entre 19h30 et 21h30, a dû se délocaliser. D’un local chauffé (qui pouvait accueillir jusqu’à 200 personnes), elle se retrouve, depuis le 15 mars, sur la place de la Riponne, afin de permettre la distance sociale. «Même si cela reste très compliqué, malgré la conscience aiguë du problème des personnes les plus précaires, souligne Yan Desarzens. Nous voyons aussi de nouvelles têtes, celles qui ont perdu leurs heures de ménage ou leur emploi payé à l’heure. Et beaucoup de working poor. Ces derniers soirs (la semaine dernière, ndlr), il fait très froid, donc nous tentons de livrer surtout de la nourriture à domicile et espérons bientôt ravitailler les lieux d’accueil de nuit.» Et ce, malgré les problèmes d’approvisionnement. Car l’une des sources principales en denrées, le Fooby (sandwichs et repas à l’emporter) a dû fermer ses portes. Quant à l’autre grand magasin donateur, Manor, il a moins d’invendus. «Heureusement, beaucoup de maraîchers nous proposent des légumes… Cet élan de solidarité est fantastique. Tout comme le travail de nos collaborateurs qui s’engagent avec bienveillance, alors qu’ils pourraient justifier leur besoin de protection pour rester à la maison», se réjouit Yan Desarzens. La fondation n’a eu vent d’aucun cas de Covid-19 chez les personnes suivies ni chez ses employés et ses bénévoles. Mais la crise sanitaire génère davantage de précarité. La fondation Mère Sofia lance donc un appel pour récolter des dons: «Chaque jour, nous devons malheureusement refuser de nombreuses demandes de soutien émanant de foyers et de personnes dans une détresse aiguë.» Des familles, des personnes qui ont perdu leur revenu, notamment des personnes sans papiers qui, de par leur statut, se retrouvent sans soutien aucun.
Pour davantage d’informations ou faire un don: meresofia.ch