Unia épingle un foyer de contagion sur un chantier genevois
Le syndicat a découvert une situation très difficile sur le chantier des Allières, où les cas de Covid-19 se sont multipliés
Unia Genève a débusqué un foyer de contagion sur le chantier des Allières, où l’on construit quatre immeubles qui abriteront 300 logements à deux pas de la gare des Eaux-Vives. Pas moins de sept salariés de Belloni, l’entreprise principale membre du groupe Frutiger, et quatre travailleurs de sociétés sous-traitantes ont été testés positifs au Covid-19. Le syndicat dénonce le manque de mesures de protection et la promiscuité provoquée par des infrastructures non conformes.
«Nous avons découvert avec stupéfaction que onze travailleurs mangeaient ensemble dans une même baraque. Ils étaient certes séparés par des plexiglas, mais cela n’empêche pas l’air de passer. Onze, c’est déjà trop en temps normal, mais lorsqu’autant de cas Covid sont déclarés, c’est inacceptable», s’emporte José Sebastiao, secrétaire syndical d’Unia Genève.
De plus, une autre baraque faisant office de réfectoire pour les employés des sous-traitants, une équipe de coffreurs et une de ferrailleurs, était aussi utilisée comme vestiaire. «Le règlement genevois des chantiers est pourtant clair: les locaux servant à se changer doivent être séparés de ceux utilisés pour déjeuner et se reposer.»
Unia a signalé ces problèmes à Belloni qui n’a pas réagi. Le syndicat a dû saisir l’entreprise générale pour que Belloni s’engage à mettre en place des mesures sanitaires supplémentaires.
Le foyer de contagion le plus important rencontré
Selon José Sebastiao, un cluster pareil n’est pas chose courante. «Il s’agit même du foyer de contamination le plus important que nous ayons rencontré depuis le début de la pandémie. Face à ce cas exceptionnel, l’employeur aurait dû prendre des mesures exceptionnelles afin que les travailleurs soient séparés les uns des autres lorsqu’ils mangent. S’il faut installer dix baraques, l’employeur doit le faire, c’est son devoir. De même que d’organiser le travail de manière à ce que les salariés puissent maintenir la distanciation sociale.»
Au lieu de cela, Belloni a adressé aux malades une lettre jugée culpabilisante par le syndicat. «Nous avons demandé à la société d’annuler ce courrier et, si elle ne le fait pas, nous agirons en conséquence. Nous ne pouvons tolérer qu’une entreprise rende responsables les travailleurs de ses propres manquements.»
«Nous rencontrons souvent des situations où les mesures de protection et d’hygiène font défaut, mais jamais de cette ampleur, conclut le syndicaliste. En général, les entreprises se mettent à notre demande en conformité. Reste qu’il devrait y avoir plus de contrôles et surtout ceux-ci devraient être menés avec plus de rigueur.»
Déterminé à faire respecter les mesures de protection de la santé, Unia Genève promet de poursuivre sa tournée des chantiers.