«Je reste rarement simple spectateur»
Xavier Henauer a été élu samedi dernier au comité central d’Unia. Le président de la région genevoise du syndicat n’entend pas y faire de la figuration
Xavier Henauer nous avait donné rendez-vous pour un apéro et des grillades dans un petit camping de Peissy où est installée sa caravane. Les orages menaçant nous ont fait changer nos plans. C’est à la sortie de Givaudan-Vernier que nous le retrouvons. Il sort d’une assemblée où le personnel a voté des revendications sur les salaires et sur la Convention collective d’entreprise en vue de son renouvellement. Laborantin en chimie, il est employé depuis un quart de siècle chez le fabricant d’arômes et de parfums. Dans son laboratoire, il concocte et teste des ingrédients pour la parfumerie. «Je suis fier de travailler dans une entreprise où un cariste peut gagner plus que moi grâce à l’ancienneté. Les collègues ne se rendent pas toujours compte de ce que les anciens ont obtenu et pour quoi nous continuons à nous battre.»
Xavier Henauer s’exprime avec l’accent marqué du bout du lac. Il faut dire que nous avons devant nous un Genevois pur sucre, qui a grandi à Cité Vieusseux. Le patronyme Henauer ne fait, il est vrai, pas très romand, il provient d’un grand-père thurgovien installé à Genève.
Marié, père de deux grands enfants, Xavier Henauer vient de passer le cap des 50 ans. «Il faut commencer à faire attention, à se ménager, j’ai vu pas mal de copains tomber à partir de cet âge-là», dit-il, l’air grave, avant de sourire: «Mais je ne me ménage pas.»
L’homme est, en effet, très actif. «Je m’inscris rarement dans quelque chose pour rester simple spectateur. Il n’y a qu’au camping que je n’ai pas craqué, je suis simple membre.»
«Si je ne suis pas d’accord, je le dirai»
De toutes ses activités, commençons par la facette syndicale. Xavier Henauer est membre du syndicat depuis 25 ans et il préside la délégation du personnel de Givaudan-Vernier depuis 2013. Il y a une année, il a été élu président d’Unia Genève. Il voulait alors, nous expliquait-il, donner aux membres le tout premier rôle: «Je trouve qu’au sein d’Unia, les militants et les militantes n’ont pas assez de place.» Après une année de présidence, a-t-il réussi son pari? «Dans les réunions, ce sont les membres qui parlent de leurs secteurs et par forcément les secrétaires syndicaux. Même si ceux-ci peuvent préparer les interventions, les militants y mettent leurs mots et c’est important. Nous avons eu des échanges intéressants, par exemple sur l’économie de plateforme ou le travail temporaire. Certes, les participants se plaignent que nous finissons trop tardivement… Mais ils ne partent pas forcément comme auparavant. Bon, il y a trop de trucs statutaires, il faudrait envoyer les documents par courrier pour que nous les consultions au préalable et que nous ne passions pas deux heures dessus.»
Samedi dernier, Xavier Henauer a été élu au comité central d’Unia par l’assemblée des délégués. Il participera à sa première séance à la rentrée, mais il avoue sa méconnaissance des prérogatives et du fonctionnement de cet organe du syndicat. «Je vais y aller en touriste pour le moment.» Ensuite, «si je ne suis pas d’accord, je le dirai, j’ai cette indépendance».
«J’ai l’impression que la direction d’Unia a tendance à s’orienter vers un syndicat d’appareil plutôt que de militants. C’est le contraire de ce que nous souhaitons, nous voulons que le syndicat nous soutienne, pas qu’il décide pour nous. Les permanents syndicaux prennent beaucoup de place. Nous en avons évidemment besoin, ce n’est pas en deux heures de réunion par mois qu’un militant peut être au courant de tout. Mais il faut donner une réelle place aux militants.»
Pour compléter le tableau professionnel et syndical, mentionnons encore que Xavier Henauer est commissaire d’apprentissage et qu’il siège au Tribunal des prud’hommes.
A la Croix-Bleue
Sur le plan politique, cet habitant de Versoix a été élu il y a deux ans au Conseil municipal de sa commune sur la liste socialiste. Et il vient d’être nommé à la vice-présidence du législatif, ce qui devrait lui permettre de monter au perchoir. «Je suis très novice dans la politique, je suis plus à l’aise dans le monde du travail, il faudrait que je me forme, même si c’est un peu tard… s’amuse-t-il. Nous avons l’ambition de faire une section socialiste qui tienne la route, proche des gens, mais le Covid n’a pas aidé.»
Toujours dans sa commune, Xavier Henauer participe à la Musique municipale de Versoix en tant que percussionniste. «Je suis aussi renfort à la Musique de la Croix-Bleue», nous annonce-t-il, alors que nous sirotons une pression. «Il manquait un percussionniste dans leur harmonie et un membre du comité de la Croix-Bleue, qui joue aussi à la Musique de Versoix, m’a demandé de les rejoindre. On joue des morceaux modernes dans le style fanfare. Je ne sais qui est là pour un problème de dépendance ou par conviction, nous n’en parlons pas et cela ne me regarde pas, ils sont sympas et il y a de la bonne humeur, c’est cela qui est important. Evidemment, lorsque je suis en service avec eux, je ne bois pas.»
Une passion pour les jeux de société
En plus de la musique, Xavier Henauer est passionné par les jeux de société. S’il visite une ville, on peut être sûr qu’il fera un détour par un magasin de jeux. A Noël, dans un chalet de famille perdu dans le val de Bagnes, il a passé ainsi une semaine entière à jouer. «J’apprécie plutôt des jeux assez simples qui permettent de faire plusieurs parties dans une soirée.» Il cite Bonjour Simone, Codenames et 6 qui prend! Les sorties de son club de caravaning sont aussi l’occasion de pratiquer ce hobby.
Où posera-t-il sa caravane cet été? Il se dit moins attiré par les plages que par l’intérieur des terres, la campagne et les petites villes. Il a adoré visiter l’Auvergne, l’Ardèche, la Bretagne ou la Belgique. «Nous n’irons pas trop loin cette année, la caravane double la consommation d’essence. Nous irons en France par de petites routes et, s’il y a quelque chose d’intéressant, nous nous arrêterons. J’ai constaté qu’en prenant l’autoroute, nous passions à côté de belles régions.»