Après deux journées d’arrêt de travail, les employés des Transports publics genevois (TPG) ont obtenu une indexation complète de leurs salaires
Nouvelle grève victorieuse des employés des Transports publics genevois (TPG). Jeudi dernier, au deuxième jour de leur arrêt de travail, les salariés de la régie publique ont obtenu satisfaction sur leur revendication d’une indexation pleine et entière des salaires.
Prenant prétexte des mauvais résultats enregistrés durant la crise sanitaire, la direction de l’entreprise de transport avait, en effet, décidé de ne pas appliquer le statut du personnel garantissant l’indexation des salaires sur la base de l’année précédente, soit +1,2%, pour 2022. Elle proposait à la place une prime de 500 francs. Les membres des syndicats SEV et Transfair avaient refusé ce marché de dupes et déposé un préavis de grève pour le 28 juin dernier. La direction avait alors saisi la Chambre des relations collectives de travail d’une médiation et, au bout du compte, posé une nouvelle proposition sur la table: une demi-indexation accompagnée d’une prime de 400 francs. Nouveau refus des syndiqués et préavis de grève au 12 octobre.
180 bus disséminés dans la ville
Après avoir échoué sur ce plan, la direction a tenté ensuite de discréditer les deux syndicats en les faisant passer pour des minoritaires, deux associations professionnelles acceptant l’accord proposé. Puis, elle a cherché à briser la grève en organisant un drôle de service minimum. Le 11 octobre en fin de journée, elle a ordonné à quelque 180 chauffeurs de bus de parquer leur véhicule hors des dépôts et en pleine rue. Alors qu’ils n’étaient pas arrivés à bon port, les passagers ont été invités à descendre, tandis que les conducteurs devaient rentrer à pied. «La plupart des véhicules étaient garés hors case au mépris de la légalité et de la sécurité des usagers de la route, en particulier les cyclistes, ainsi que des conducteurs, certains devant passer par la route pour monter dans le bus», a critiqué le lendemain le président de la section SEV-TPG, Vincent Leggiero. Ces efforts se sont révélés vains, car les grévistes n’ont pas eu besoin d’empêcher la sortie des véhicules. L’entreprise, même en rappelant des conducteurs sur leur congé, n’a pu assurer qu’un véhicule sur quatre le 12 octobre. Seules les lignes périphériques, exploitées par des sous-traitants, fonctionnaient normalement. Sur les piquets installés dès 3h30 du matin devant les quatre dépôts, les grévistes étaient environ 600 (sur 2180 collaborateurs au total). «Arrêtez de nous faire passer pour des voyous!» a lancé à l’intention de la direction le mécanicien Vincent Leggiero, présent sur son lieu de travail du Bachet-de-Pesay. «Nous avons toujours travaillé. Pendant la crise sanitaire, nous étions au front, durant la canicule aussi. Nous ne sommes pas des bloqueurs, mais des grévistes. Nous nous battons pour notre pouvoir d’achat, si nous lâchons sur le 1,2%, nous subirons une baisse de salaire.»
«Une lutte essentielle»
Tout le long de la matinée, les prises de parole se sont succédé à l’endroit des piquets. Des syndicalistes et des grévistes de la fonction publique (lire ci-dessous) sont venus témoigner de leur solidarité. Président central VPT du SEV, Gilbert D'Alessandro a ainsi assuré les grévistes du soutien du personnel des entreprises de transport privées. «Faire grève n’est pas anodin», a reconnu cet employé des Transports publics fribourgeois, en louant le courage des Genevois, qui pourraient faire office de «détonateur», car les mêmes problèmes se retrouvent ailleurs. «La lutte que vous portez aujourd’hui est essentielle pour vous, mais aussi pour les salariés du public et du privé, car toutes les luttes des travailleurs sont liées les unes aux autres», a souligné, de son côté, Alejo Patiño, secrétaire syndical d’Unia Genève. Présent, le président du SEV, Giorgio Tuti, a confié à L’Evénement syndical être «impressionné» par les grévistes: «On ressent une bonne dynamique, les salariés comprennent bien les enjeux, cela fait plaisir.»
«Une démonstration de force»
N'ayant rien obtenu, les travailleurs ont décidé à l’issue de cette journée de reconduire leur mouvement le lendemain. Jeudi, l’entreprise n’était plus en mesure d’assurer un service minimum, surtout que les quelques véhicules disposés à sortir étaient bloqués par des militants et des députés de gauche. La direction a eu beau jeu d’accuser la grève d’être illicite ce jour-là faute d’un préavis – comme si une grève devait se limiter à une seule journée –, elle a bien été obligée d’accepter une indexation complète.
Celle-ci aura toutefois lieu en deux temps, +0,6% depuis septembre et +0,6% en janvier prochain. A cela s’ajoute la prime de 400 francs. L’accord, jugé acceptable par les syndicats, a été approuvé en assemblée. «Bien sûr, nous aurions préféré avoir l’indexation complète dès maintenant, mais ce qui importe, c’est que nous la touchions, même si ce n’est qu’à partir de janvier. Nous avons réalisé une démonstration de force et la direction, qui n’a pas connu la grève de 2014, ne peut plus ignorer ce que nous représentons», conclut Vincent Leggiero.
En 2014, à la suite d’un arrêt de travail, les employés des TPG avaient obtenu l'annulation d’un projet de suppression de postes, ainsi que le maintien des mécanismes salariaux et des acquis pour les retraités. Quatre ans plus tard, ils arrachaient encore, après la menace d’une nouvelle grève, l’embauche de cent chauffeurs. Dans cette nouvelle période sociale ouverte par l’inflation, ils montrent aux salariés privés d’indexation que la grève paie.
Témoignages de grévistes des TPG
Ricardo, responsable adjoint au service de la carrosserie
«Nous n’avons pas de treizième salaire aux TPG. Sur un salaire de 6000 francs, c’est comme s’il se montait à 5500 francs. L’indexation est donc très importante pour nous, surtout lorsque tout augmente: carburants, loyers, assurance maladie, TVA, restaurants, sorties... Les collègues s’en rendent bien compte. La grève est bien suivie dans la maintenance, 95% de mon service ne travaille pas.»
Yoann, automaticien
«Dans mon service, il y en a beaucoup qui ne font pas grève, ce n’est pas très correct vis-à-vis des collègues grévistes… Mais bon, chacun est libre de ses choix, nous sommes une équipe et nous faisons grève pour tout le monde. On essaie de comprendre les non-grévistes, ils ont aussi des factures à payer, mais on va les charrier un petit moment…»
Frédéric, conducteur de tram
«Il manque entre 30 et 40 conducteurs par jour et ils n’embauchent pas. Cela fait huit mois que nous tournons avec des horaires élargis. Les pressions, c’est une véritable politique dans cette boîte. Une lettre de quatre pages a été adressée à tous les employés pour leur expliquer qu’il ne fallait pas faire grève. Et le directeur a encore envoyé un courriel dimanche dernier pour dire la même chose.»
Martine, conductrice de tram
«Les voies de circulation sont encombrées et c’est très stressant. Ce métier difficile nous exclut, en outre, de la vie sociale en raison des horaires. Nous travaillons soit très tôt le matin, soit tard le soir et régulièrement le week-end. Il est dès lors très compliqué de conjuguer vie professionnelle et vie privée. Notre salaire n’est pas volé au vu des sacrifices que nous consentons.»
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