«Les enfants, les premiers concernés»
Quelques jours avant la manifestation, l’une des coorganisatrices, Jeanne Durussel, infirmière et animatrice théâtrale à Morges, mère de deux enfants de 5 et 8 ans, explique les motivations du groupe XR Familles.
Comment est né le groupe XR Familles?
C’était en été 2021. Nous étions plusieurs militants – pour ma part à Doctors for XR – à souhaiter allier vie familiale et vie militante, et ainsi à pouvoir inclure dans notre engagement nos enfants, les premiers concernés par les dérèglements climatiques. Depuis, les événements que nous proposons se veulent festifs et joyeux, comme lors de la «Kidical mass» à Lausanne ce printemps. C’est aussi un moyen de toucher différemment, de rendre à nouveau visible la problématique climatique. Car, après l’entrain suscité par les marches en 2019, le Covid a coupé l’herbe sous le pied des militants. Les mouvements ont de la peine à reprendre leur essor, à se faire entendre. Cette marche du 3 septembre est autorisée. Car nous voulions la rendre la plus accessible et intergénérationnelle possible.
Comment faire entendre la parole des enfants?
Nous avons opté pour des enregistrements diffusés lors de la manifestation. Beaucoup évoquent la perte de la biodiversité, les animaux qui disparaissent, certains la chaleur ressentie cet été, d’autres l’envie déjà d’offrir à leurs enfants un avenir… De manière générale, les membres de XR Familles se rencontrent pour des marches, mais aussi des moments conviviaux et des ateliers – notamment sur le «Travail qui relie» de Joanna Macy – avec l’espoir de créer des groupes résilients, respectueux du vivant, capables d’exprimer leurs émotions.
Votre manifeste, que l’on peut signer sur votre site, appelle à une transformation du système…
Notre texte se veut très global, le plus rassembleur possible. Nous demandons des assemblées citoyennes, parce que c’est le premier pas vers des décisions démocratiques. Nous exigeons que les plans climat actuellement élaborés soient à la hauteur des enjeux. Car, jusqu’à présent, leurs mesures sont bien trop faibles, l’aspect social souvent absent. Ce n’est pas forcément de la mauvaise volonté, mais une forme d’endormissement. Une société vert pâle où tout semble sous contrôle, alors que ce n’est pas du tout le cas. Les politiques comme les chefs d’entreprise se renvoient la balle. Si c’est à chacun de nous de prendre ses responsabilités, à son échelle, le gouvernement se doit de protéger et d’informer la population. Tout le monde est au clair que ça ne va pas, mais peu ont une conscience profonde des conséquences déjà là, sous nos yeux. Si seulement chacun pouvait se rendre compte que ce sont ses propres enfants qui vont souffrir des conséquences du réchauffement climatique…