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Egalité: «Il faut se mobiliser!»

Manifestation du 7 mars 2015 à Berne
© Neil Labrador / Archives

Après la récente décision de la commission du Conseil national sur la révision de la Loi sur l’égalité, nouvel outrage à l’égard des femmes, Corinne Schärer du comité directeur d’Unia appelle à une forte mobilisation le 22 septembre et dans les mois qui viennent

Rien ne va plus pour la révision de la Loi sur l’égalité visant à instaurer des contrôles obligatoires. Une révision attendue depuis longtemps alors que les femmes de notre pays gagnent toujours près de 20% de moins que les hommes et perdent chaque année environ 10 milliards de francs de salaires impayés. Selon une étude du bureau BASS, mandaté par Unia, chaque femme est en moyenne spoliée de 303’000 francs durant sa vie active. Et ça en toute illégalité! Le 17 août dernier, la Commission de la science, de l’éducation et de la culture (CSEC) du Conseil national, qui avait repris le projet après son acceptation, sous une forme édulcorée, par le Conseil des Etats fin mai, a failli de peu l’enterrer pour toujours. Il a fallu la voix prépondérante de la présidente de la commission, la démocrate-chrétienne fribourgeoise Christine Bulliard-Marbach, pour départager les élus qui avaient voté à 12 voix contre 12…

Pour rappel, le projet de révision accepté par le Conseil des Etats propose d’instaurer une analyse obligatoire des salaires tous les quatre ans dans les entreprises de plus de 100 salariés, soit moins de 1% des sociétés. La version du Conseil fédéral prévoyait de tels contrôles dès 50 employés, soit 2% des entreprises. Les sénateurs ont aussi introduit la possibilité pour les entreprises ayant effectué une première analyse se révélant correcte de ne pas s’y soumettre quatre ans plus tard. Ils ont, en outre, décidé d’une «clause de péremption» de la révision: la validité des nouveaux articles sera limitée à douze ans. Du jamais vu pour un tel changement législatif!

La révision prévoit encore l’obligation pour les employeurs d’informer les salariés du résultat du contrôle. Par contre, aucune sanction n’est prévue pour ceux qui ne rectifieraient pas les salaires, ni pour ceux se soustrayant à leur obligation d’effectuer une analyse.

Au final, la commission du National a adopté la version allégée du Conseil des Etats. Les propositions pour revenir au nombre de 50 employés ou même 10 ont été refusées. Et il s’en est fallu de peu pour qu’une nouvelle attaque ne soit adoptée: l’introduction de l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes! Là encore, c’est la voix prépondérante de la présidente qui a départagé les membres de la commission et conduit à l’abandon de la proposition. C’est maintenant au tour du Conseil national de débattre de la révision en plénière. La discussion aura lieu lors de la session d’automne du Parlement prévue du 10 au 28 septembre.

Face à l’absence d’amélioration et à ce nouveau mépris envers les femmes et le droit à l’égalité, inscrit dans la Constitution depuis 37 ans, les syndicats renouvellent leur appel à participer en nombre à la manifestation nationale pour l’égalité salariale et contre les discriminations le samedi 22 septembre à Berne. Le point avec Corinne Schärer, membre du comité directeur d’Unia.

 

Comme responsable d’Unia en charge de l’égalité, quelle est votre réaction à la suite de la décision de la commission du Conseil national?

Je trouve incroyable que cette commission ait loupé la possibilité d’améliorer la version du Conseil des Etats! Et qu’elle ait décidé de suivre le projet de révision de la Loi sur l’égalité uniquement grâce à la voix prépondérante de sa présidente. Je suis également scandalisée par la tentative, refusée aussi par la voix de la présidente, d’introduire dans la loi l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes, une hausse clairement rejetée en votation par la population. C’est symbolique de la vision de l’égalité portée par les bourgeois. Nous avons eu la chance que la présidente soit une femme du PDC, car la plupart des hommes de ce parti sont fondamentalement contre la révision!

Au vu de ce vote très serré, que peut-on attendre du Conseil national qui discutera du projet cet automne?

Je n’ai aucune illusion sur la possibilité du National d’améliorer la loi après une telle position de sa commission. Il faut se mobiliser, nous n’avons pas d’autre choix. Dans la rue et dans les entreprises, en alliance avec les autres organisations qui s’engagent pour que l’égalité salariale soit enfin respectée.

En 2013 déjà, au Congrès des femmes de l’USS, nous avions exigé que la Loi sur l’égalité soit réellement appliquée. Simonetta Sommaruga nous avait fait la promesse qu’il y aurait une révision. Deux ans plus tard, rien ne se passait. D’où notre appel à la grande manifestation pour l’égalité de 2015. La mobilisation avait permis de remettre la question à l’ordre du jour. Le Conseil fédéral a présenté sa proposition. Elle était déjà très faible, nous l’avions critiquée à l’époque. Elle a encore été affaiblie par le Conseil des Etats, et la commission du National ne propose rien de plus. Le vote à 12 contre 12 avec la voix prépondérante de la présidente est un nouvel affront fait aux femmes. Cela montre qu’il n’y a aucune volonté politique. Ce qui prime, c’est de continuer à économiser des coûts salariaux sur le dos des femmes. Cela montre aussi que pour obtenir quelque chose, nous devons nous mobiliser. La manifestation du 22 septembre est importante.

Même si la révision est adoptée par le National?

Oui, il faut se mobiliser indépendamment de la décision du Parlement. S’il y a eu un vote aussi serré en commission, ce n’est pas certain que le Conseil national accepte cette version allégée. Et s’il l’adopte quand même, cette révision ne résoudra pas les problèmes. Car aucune sanction n’est prévue. Et seules 1% des entreprises, soit moins de la moitié des salariées et des salariés du pays, seront concernées, sans compter le délai de prescription de douze ans. Nous devrons néanmoins agir pour que les premiers contrôles aient lieu en 2019, et qu’une évaluation soit faite l’année suivante déjà, sinon nous repartirons pour de nouvelles décennies d’attente…

La mobilisation va donc se poursuivre après le 22 septembre?

Il faut continuer la lutte. Nous organiser pour que la grève des femmes soit une réussite. Cela bouge partout, c’est très positif et motivant. En Suisse romande, les assises du 2 juin dernier ont appelé à une grève féministe le 14 juin 2019. D’autres assises auront lieu prochainement en Suisse alémanique et au Tessin. Des comités cantonaux commencent à voir le jour, notamment dans tous les cantons romands, à Berne, à Zurich et au Tessin.

Quelles sont les revendications précises de ces mobilisations?

L’application de l’égalité salariale sera le thème principal de la manifestation du 22 septembre et de la grève, mais pas seulement. Il y a aussi la lutte contre toutes les discriminations envers les femmes. La question de la violence est liée. Le Conseil des Etats et la commission du National outragent les femmes au moment où certaines d’entre elles sont attaquées physiquement. A Genève, cinq jeunes femmes ont été agressées, l’une d’elles est restée longtemps dans le coma. La violence physique et structurelle contre les femmes est considérée comme complètement normale… Quand une commission parlementaire ne prend pas une position stricte visant à garantir un droit inscrit dans la Constitution, c’est malheureusement un message clair qui légitime cette violence.

Les immenses mobilisations l’année dernière, avec les Women’s March et le mouvement #MeToo, ont été une réaction contre cela, contre ce climat dans lequel tout est permis et qui est symbolisé par des politiciens comme Trump. Aujourd’hui, une telle situation demande une réaction forte. Et même si la révision de la loi est adoptée au Parlement, nous devrons continuer pour exiger qu’il y ait des sanctions rapidement. Le premier pas est d’être nombreuses et nombreux à Berne le 22 septembre!

 

Manif du 22 septembre: le train de l’égalité!

Des trains spéciaux partiront de Rorschach, Bâle et Genève pour se rendre à la manifestation nationale «#Enough18» pour l’égalité salariale et contre les discriminations le 22 septembre à Berne. Le transport est gratuit et ouvert à toutes et à tous.

Pour les membres d’Unia n’étant pas sur le trajet du train spécial, des possibilités de déplacement sont prévues. Renseignez-vous auprès de votre section syndicale.

Horaire du train spécial au départ de Genève:

Genève: 11h02

Nyon: 11h19

Morges: 11h39

Lausanne: 11h59

Fribourg: 13h01

Berne: 13h34

Retour direction Genève: 17h14

Rendez-vous à 13h30 à la Schützenmatte à Berne.

Rassemblement final à 15h à la place Fédérale.

Plus d’informations sur:

www.unia.ch/fr

www.uss.ch

www.mettons-la-pression.ch

 

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