Les résultats des analyses de l’égalité salariale effectuées dans les entreprises de plus de 100 employés devaient être rendus l’an passé déjà. Le point à l’occasion du 8 mars
Comme prévu par la Loi sur l’égalité (LEg), les entreprises de 100 employés et plus avaient l’obligation de rendre leur analyse salariale avant le 30 juin 2023 et de transmettre les résultats aux actionnaires et aux employés. Les syndicats de l’Union syndicale suisse (USS) ont accompagné ces processus. Trois questions à Julia Maisenbacher, secrétaire centrale de l’USS en charge de l’égalité.
Les écarts salariaux entre hommes et femmes restent encore très importants, malgré la révision de la LEg. Les choses ont-elles réellement bougé?
La révision de la LEg et l’introduction d’analyses salariales obligatoires ont sensibilisé les patrons. Evidemment, une nouvelle révision est inévitable et très importante pour lutter contre les discriminations salariales, car l’actuelle ne couvre qu’une trop petite part des entreprises. Les discriminations dans les entreprises de moins de 100 employés ne sont pas recensées. De plus, le seuil de tolérance statistique des analyses salariales de 5% est très élevé. Il y a donc une forte probabilité que de nombreuses discriminations ne puissent pas être détectées.
Quelles sont les revendications de l'USS en matière d'égalité salariale?
Les salaires doivent assurer une existence digne pour les femmes, aussi lorsqu’elles seront à la retraite. Des mesures fermes et systématiques doivent être prises contre la discrimination salariale: des analyses salariales dans toutes les entreprises et des sanctions efficaces lorsque de telles discriminations sont constatées. L’égalité salariale et la hausse des salaires des femmes doivent faire partie intégrante de toutes les négociations entre partenaires sociaux. De plus, il faut revendiquer au moins 5000 francs par mois pour toute personne qui a fait un apprentissage. Quant aux conventions collectives de travail (CCT), elles doivent fixer des salaires minimums en conséquence et là où il n’y a pas de CCT, par exemple pour les crèches ou dans le commerce de détail, il faut en introduire.
Comment l’USS se mobilise-t-elle pour favoriser l’égalité salariale?
Les analyses salariales dans les entreprises sont importantes. Mais pour faire vraiment progresser l’égalité dans le monde du travail, il faut s’attaquer aux causes structurelles des inégalités salariales. Il est donc primordial de revaloriser les salaires dans les secteurs à faible rémunération, où les femmes sont souvent surreprésentées, comme par exemple dans l’accueil des enfants, les soins, le nettoyage ou le commerce de détail. Il faut également des investissements publics suffisants pour assurer un accueil extrafamilial des enfants qui soit abordable dans tout le pays ainsi que des horaires de travail planifiables et favorables aux familles, afin de créer les conditions nécessaires pour que les femmes puissent participer à la vie professionnelle sur un pied d’égalité avec les hommes.