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Nespresso interpellé pour mettre fin au dumping salarial

Action devant Nespresso à Genève.
© François Graf/Strates

En colère face au salaire de misère qu’elles perçoivent, des ouvrières temporaires actives chez Marvinpac et contractées par Kelly Services SA ont protesté il y a dix jours devant la boutique Nespresso de la place Saint-François à Lausanne.

Des ouvrières sous-payées emballent des produits du géant du café à Châtel-Saint-Denis. Elles ont manifesté à Lausanne avec Unia pour exiger que les sous-traitants de la multinationale respectent les salaires d’usage

«Nespresso: trop ristretto avec les salaires des sous-traitants!» «Sous-payés pour du café, c’est assez!» «Stop au dumping salarial!» Une vingtaine d’ouvrières temporaires, travaillant chez Marvinpac SA, une société d’emballage de Châtel-Saint-Denis, et sous contrat avec l’entreprise Kelly Services SA de Vevey, ont exprimé leur colère le samedi 23 octobre, en fin de matinée, devant la boutique Nespresso de la place Saint-François à Lausanne. Soutenues par le syndicat Unia, elles exigent depuis juin d’être payées au salaire d’usage, comme le prévoit la CCT de location de services. Leur salaire était jusque-là de 14,45 francs l’heure, auxquels s’ajoute une prime d’équipe de 2,50 francs. Or, celui pratiqué dans la branche est bien plus élevé. Il se situe aux alentours de 22 à 26 francs, selon l’âge et l’ancienneté. Les ouvrières réclament aussi un rattrapage de leurs rémunérations qui, pour l’ensemble du personnel concerné, se monte à près de 420000 francs. «Cela représente 44 minutes de production de capsules Nespresso en part de chiffre d’affaires. Une somme ridicule», souligne Noé Pelet, responsable de l’industrie à Unia Vaud. «Nous avons remis une lettre à la gérante de la boutique Nespresso demandant que la multinationale assume sa responsabilité sociale et s’assure que les sous-traitants avec lesquels elle travaille paient des salaires corrects et soldent enfin les arriérés», indique-t-il.

Après l’action devant Nespresso, les ouvrières et les syndicalistes ont défilé à travers le marché jusqu’à la place de la Riponne, en passant devant certaines enseignes, telles que Starbucks et le Bon Génie, qui utilisent ou vendent des produits emballés par les ouvrières de Châtel-Saint-Denis. Outre les capsules de café, Marvinpac conditionne d’autres produits, par exemple les cosmétiques des maisons de luxe Valmont et La Prairie.

Les travailleuses et Unia avaient déjà protesté début juillet (voir L’ES du 7 juillet) face aux bureaux de l’entreprise temporaire Kelly Services à Vevey. Par leur nouvelle action, elles espéraient débloquer le dossier alors que les discussions qui avaient été entamées cet été avec l’entreprise d’emballage et Kelly Services n’ont pas abouti. Unia avait formulé une proposition pour régler la situation, mais les deux sous-traitants l’ont rejetée. Juste avant l’action du 28 octobre, le syndicat apprenait que Marvinpac et Kelly Services avaient informé le personnel temporaire que le salaire de base serait augmenté de 1,50 franc brut l’heure, avec effet rétroactif au 1er octobre, et que la prime d’équipe y serait intégrée dès janvier. Une adaptation qui reste largement insuffisante, indique Unia.

Le syndicat informe également avoir saisi le Service de l’emploi de l’Etat de Vaud en raison d’un licenciement collectif qui ne respecte pas les obligations légales de consultation. Kelly Services procéderait en effet à des licenciements perlés du personnel travaillant pour Marvinpac.

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