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Neuf millions de victimes. En Europe, une femme de plus de 15 ans sur 20 a été violée, soit environ 9 millions de femmes. Et une femme de plus de 15 ans sur 10 a subi des violences sexuelles. La plupart des victimes connaissent leur agresseur: c’est leur compagnon, leur ex-compagnon, un membre de leur famille, un voisin, un ami ou encore un collègue. Souvent, elles ne résistent pas ou ne peuvent pas résister physiquement: tout comme les victimes de violences conjugales ou physiques, elles sont tétanisées et se mettent en mode survie. Elles attendent que ça passe. Mis à part le fait d’être victimes d’agression sexuelle, ces femmes sont toutes différentes. Aucun âge, aucune couleur de peau, aucun état et aucune tenue vestimentaire ne justifie ou n’excuse un viol. En fait, les règles sont assez simples à comprendre: qu’une femme porte une minijupe, une djellaba, soit sobre ou soûle, qu’il fasse jour ou nuit, qu’elle soit chez elle ou dehors: si un rapport sexuel n’est pas consenti, ce n’est plus un rapport sexuel mais un viol. Si elle ne dit pas oui, c’est que ça veut dire non!
Femmes silencieuses. Pour la plupart, cela paraît évident. Et pourtant, seulement 8 pays européens sur 31, principalement nordiques, possèdent des lois stipulant clairement qu’un rapport sexuel sans consentement est un viol… Ajoutez à cela la honte, la difficulté d’apporter des preuves, la peur de ne pas être crue et la peur que l’agresseur revienne à la charge, et vous comprendrez pourquoi les viols sont largement sous-signalés dans nos pays dits développés. En Suisse, comme dans beaucoup d’autres Etats, les violences sexuelles sont encore un immense tabou. Sensibiliser l’opinion publique et lutter contre ce fléau sera l’objet de la nouvelle campagne d’Amnesty Suisse, qui soutient par ailleurs la Grève des femmes du 14 juin.
Changer la donne. Cette campagne est de fait directement liée à la ratification de la Convention d’Istanbul par la Suisse en 2018. Un traité fondamental pour la prévention et la répression de la violence sexuelle contre les femmes et de la violence domestique qui contraint, entre autres, les Etats signataires à définir le viol comme un rapport non consensuel et à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre le harcèlement sexuel. Le chantier est de taille, la notion de «viol» restant, dans le Code pénal helvétique, très restreinte et n’impliquant aucun aspect de consentement. De même, il n’existe aucune statistique nationale sur le harcèlement sexuel. Il faudra donc combler ces lacunes tant sur les plans judiciaire et politique que dans les domaines de la santé et de l’éducation. Pour que la peur change de camp, et pour que la justice soit rétablie.