Un chantier public épinglé à Genève
A la suite d’une action d’Unia, des travailleurs ont été exemptés de travail pendant deux après-midi de canicule. Une victoire syndicale
Mercredi 3 août en fin de journée, l’Inspection paritaire des entreprises (IPE) a décidé que le chantier public de génie civil sur l’avenue Pictet-de-Rochemont, à Genève, devait être arrêté les deux après-midi suivants, canicule oblige. Une victoire pour Unia qui, quelques heures plus tôt, dénonçait, sur place, sous un soleil de plomb, des conditions de travail dangereuses pour la santé des travailleurs. Le syndicat s’insurgeait aussi contre la pression «scandaleuse» exercée par l’Etat pour que les délais soient tenus, afin de minimiser l’impact des travaux sur cet axe de circulation important. «Les pouvoirs publics veulent que ce chantier avance. Or, en tant que maîtres d’ouvrage, ils se doivent de montrer l’exemple, pour protéger la santé des travailleurs en ces jours de chaleur extrême», a indiqué Helena Verissimo de Freitas, secrétaire régionale adjointe d’Unia Genève.
Des pénalités
La responsable syndicale a rappelé qu’en 2019, l’Etat, les associations professionnelles et les syndicats s’étaient entendus pour ne pas faire subir aux entreprises des pénalités en cas de retards liés aux mesures de protection du personnel. «Et pourtant, sur ce chantier, aucune pause supplémentaire – avant notre première visite – ni aucun aménagement des travaux n’ont été mis en place. L’enrobage est toujours prévu l’après-midi, alors que la pose de goudron signifie que la température peut grimper jusqu’à 170°C», a souligné la responsable syndicale. De son côté, l’entreprise Perrin a assuré, dans la Tribune de Genève, que les normes de sécurité étaient respectées. Le Département cantonal des infrastructures, pour sa part, a réfuté toute mise sous pression des entreprises.
Reste que ce chantier ne fait pas figure d’exception. Unia Genève indique que, depuis le début de l’été, sur plus d’une soixantaine de chantiers visités, une trentaine de dénonciations ont été déposées auprès des inspections du travail: «Elles concernaient notamment l’absence de pauses régulières, de mise à disposition d’eau et d’un lieu de pause au frais, ou encore la pratique de travaux lourds aux heures très chaudes.» Et de conclure: «Ces périodes de canicule sont malheureusement appelées à se répéter. C’est un facteur à intégrer dans la planification des chantiers ainsi que dans les conditions d’attribution des marchés publics.» Dans ce sens, le syndicat a adressé un courrier à la conseillère d’Etat Fabienne Fischer en sa qualité de présidente du Conseil de surveillance du marché de l’emploi (CSME) pour que la problématique de la canicule soit abordée et que des décisions soient prises.