Grâce aux CCT et à l’engagement d’Unia, près de 700 000 personnes bénéficieront de la compensation du renchérissement. Mais des branches et des entreprises restent à la traîne.
Les négociations salariales 2024 s’achèvent plutôt positivement pour Unia: des centaines de milliers de travailleurs et travailleuses employés dans les branches et entreprises où le syndicat est signataire d’une convention collective de travail (CCT) recevront en 2025 une augmentation salariale permettant de compenser pleinement le renchérissement. La présidente d’Unia, Vania Alleva tire toutefois un bilan contrasté de la campagne: «D’un côté, nous avons obtenu d’importantes revalorisations salariales et des augmentations générales, les accords que nous avons conclus garantissent le pouvoir d’achat de 700000 salariés et j’en suis satisfaite. De l’autre, nous faisons face à certains employeurs qui, malgré la bonne conjoncture économique, ont bloqué la conclusion d’accord et refusé la pleine compensation du renchérissement et le retard à rattraper.»
Les négociations ont ainsi échoué chez Fenaco (Landi), où la direction est restée à 1% d’augmentations individuelles, et Coop (1% à titre général), ce qui est insuffisant pour couvrir l’inflation attendue cette année, de l’ordre de 1,1 à 1,3% selon diverses estimations. Dans l’hôtellerie-restauration, faute d’avancée dans les discussions, le syndicat a dû saisir le tribunal arbitral. «La situation est aussi mitigée dans l’industrie, où nombre de négociations se déroulent au niveau des entreprises.»
Les négociations ont été, par contre, fructueuses dans la construction et les branches artisanales avec des augmentations qui vont au-delà du renchérissement, se félicite Vania Alleva. Dans le secteur principal de la construction, les partenaires sociaux se sont entendus sur une augmentation de 1,4% et le maintien de la retraite à 60 ans. La nouvelle CCT des échafaudages prévoit une compensation automatique du renchérissement jusqu’à 1,5%. Dans les arts et métiers, les revalorisations sont majoritairement générales et dépassent nettement le renchérissement, de sorte que les travailleurs bénéficient d’une amélioration du salaire réel. Dans la branche de l’isolation, l’augmentation des salaires minimums atteint jusqu’à 8,5%, tandis que dans le second œuvre romand, les salaires montent de 106 francs, soit environ 2%.
«Nous avons aussi réussi à améliorer les salaires minimums dans des branches où ils s’appliquent au plus grand nombre de salariés, comme la boulangerie-pâtisserie, la coiffure ou la location de services.» Les salaires minimums des boulangers sont améliorés dans une fourchette comprise entre 4,1 et 7,7%. «Nous avons pu également ancrer la compensation automatique du renchérissement dans la boulangerie, la location de services et l’isolation, ce qui est positif pour le futur.»
Toutes ces avancées n’étaient pas gagnées d’avance, rappelle la responsable syndicale: «Les négociations étaient difficiles et, sans notre mobilisation dans la rue et dans les branches, le résultat aurait été différent. Il faut que nous restions conscients que ces améliorations ne tombent pas du ciel, elles sont bien le produit de notre mobilisation.»