Une centaine de personnes ont participé au groupe professionnel Coop d’Unia le 6 février. Lors de la séance, une discussion a eu lieu avec le chef des ressources humaines du groupe sur les rémunérations et les conditions de travail. Une première
«C’est énorme!» Anne Rubin, membre de la direction du secteur tertiaire d’Unia, ne cache pas sa satisfaction face au nombre de membres Unia travaillant chez Coop venus participer au groupe professionnel qui s’est tenu le 6 février à Bâle, ville où se trouve le siège du groupe. Près de 100 personnes étaient présentes. Une affluence exprimant le mécontentement existant face à l’indexation insuffisante accordée par Coop et aux conditions de travail astreignantes.
«Les négociations salariales ont duré longtemps et le résultat a été refusé par les délégués d’Unia, de Syna et de la Société suisse des employés de commerce. Seule l’association maison, l’Union des employés de Coop, l’avait accepté», explique la syndicaliste, qui rappelle que Coop n’avait concédé qu’une augmentation générale de 2% des salaires jusqu’à 4500 francs, et à une hausse individuelle pour les plus élevés, des adaptations ne couvrant pas le renchérissement. Coop offrait encore un bon cadeau, qui n’équivaut pas à une revalorisation salariale. Après le refus des syndicats, Coop souhaitait rencontrer des membres pour en comprendre les raisons. Auparavant, et à plusieurs reprises, des militants avaient demandé une telle rencontre. Ce qui a pu être réalisé le 6 février avec la venue du chef des ressources humaines (RH) suisse, Luc Pillard, à la séance du groupe professionnel Coop d’Unia.
Les conditions de travail au rendez-vous
La discussion est allée bien au-delà de la problématique de l’indexation. «Pendant plus d’une heure, nos membres ont pu expliquer leur quotidien et les problèmes rencontrés, relate Anne Rubin. De nombreuses questions ont pu être posées. Sur les salaires par exemple, il a été demandé s’il était possible de vivre avec 3600 francs net par mois à Zurich ou dans d’autres grandes villes. Autre question: comment était-il possible, avec les bénéfices gigantesques de Coop – 559 millions en 2021 – que le groupe n’accorde pas la pleine compensation du renchérissement? Et pourquoi cette limite de l’indexation générale à 4500 francs, alors que beaucoup de vendeuses, de vendeurs et d’employés ayant une longue ancienneté sont bloqués dans leur évolution salariale. Des demandes ont aussi porté sur les horaires, les plannings, les journées trop longues, ainsi que sur les caisses de scannage et le manque de personnel.»
La syndicaliste constate que la pression au rendement est de plus en plus forte dans le commerce de détail, que les journées de travail sont parfois interminables, encore trop souvent fragmentées par des pauses de midi étendues, y compris chez Coop où la CCT n’est pas partout bien appliquée. La planification ne se fait souvent pas dans les temps, comme l’exigent la loi et la CCT. «Il y a beaucoup de changements de dernière minute. Quand une personne est malade, il faut la remplacer au pied levé. Un phénomène dû notamment à la baisse de la dotation en heures de certaines filiales, explique Anne Rubin. Il y a aussi toute la problématique du respect, avec la manière dont certains gérants ou chefs traitent le personnel.»
Pour les militants, cet échange a été très important, souligne-t-elle. «Ils auraient aimé que cela dure plus longtemps et qu’ils puissent encore plus s’exprimer. C’était très positif qu’ils expliquent eux-mêmes ce qu’ils vivent.»
Manifeste pour revaloriser les salaires
Après les débats avec le responsable RH, les personnes présentes ont encore adopté un «Manifeste des membres d’Unia chez Coop» et l’ont remis en groupe au siège de Coop. Sous le titre En finir avec les bas salaires!, ils précisent leurs exigences pour qu’à l’avenir, le commerce de détail ne soit plus une branche à bas salaires. Elles se déclinent en quatre revendications: «La compensation intégrale du renchérissement. Une revalorisation durable de tous les salaires. Plus de respect pour notre travail. Moins de pression et de flexibilité.» Le manifeste précise qu’en cette année de nouvelle grève féministe, «les membres d’Unia ne peuvent plus accepter que les femmes, en particulier, soient encore structurellement discriminées. Un changement de cap est nécessaire dans la branche pour que nos besoins − ceux des collaboratrices et des collaborateurs de Coop − soient pris en compte et que nous soyons rémunérés de façon équitable et traités avec respect. Ce n’est qu’ainsi que Coop et l’ensemble de la branche resteront attrayants pour la jeune génération.» S’adressant à leur employeur, le deuxième plus grand du pays, les membres du groupe professionnel Coop concluent: «Vous avez ici un rôle d’exemple à jouer et nous demandons que vous l’assumiez!»
Anne Rubin tire un bilan positif de la séance: «Elle a montré qu’ensemble, en créant des réseaux sur les lieux de travail, nous arrivons à faire bouger des choses. Il est important de développer ces jalons pour que le travail des employées et des employés du commerce de détail soit valorisé et payé à la hauteur de leur engagement.»