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Le salaire minimum genevois, une réussite

Campagne de votation.
© Olivier Vogelsang

La campagne de votation a été menée en pleine période de pandémie. Un an plus tard, à l’exception de certaines branches telles que le nettoyage et l’hôtellerie-restauration où les salaires conventionnels sont plus bas que le minimum et où les négociations sont bloquées par les patrons, la revalorisation des rémunérations a été appliquée avec succès.

Depuis son entrée en vigueur dans le canton, les licenciements et le nivellement des salaires par le bas prédits par les patrons n’ont pas eu lieu. Bilan de cette première année pour le salaire minimum

Le 27 septembre 2020, en pleine deuxième vague du Covid-19, les électeurs genevois votaient massivement pour un salaire minimum légal de 23 francs l’heure. Un an après, quel bilan peut-on tirer? Est-ce que les pires scénarios avancés par les associations patronales se sont produits?

Pour la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), qui tenait une conférence de presse la semaine dernière à l’occasion de cet anniversaire, le bilan de cette première année est réjouissant. «Nous avons écarté tout effet négatif sur l’emploi, comme sur les salaires, qui serait dû à l’introduction du salaire minimum», expose Joël Varone, secrétaire de la CGAS.

En effet, les statistiques montrent que l’évolution du chômage à Genève est comparable à l’évolution du chômage en Suisse, y compris dans les secteurs à bas salaires touchés par l’introduction du salaire minimum. La progression, liée à la crise sanitaire, est même sensiblement plus forte dans d’autres cantons urbains comme Zurich ou Bâle-Ville, où il n’existe pas encore de salaire minimum. Par ailleurs, la masse salariale n’a cessé d’augmenter et les emplois sont de nouveau à la hausse. «Tout semble indiquer qu’il était possible d’obtenir des revalorisations jusqu’à 12% des salaires sans avoir d’effets ni sur les emplois ni sur les salaires! Cela alors que nous traversons une des pires crises jamais vécues...» renchérit le syndicaliste.

Patrons plutôt de bonne foi

De même, les syndicats genevois se réjouissent de constater que, dans l’immense majorité des cas, les employeurs jouent le jeu en appliquant le salaire minimum.

Cela dit, dans les secteurs du nettoyage et de l’hôtellerie-restauration, où les salaires minimums conventionnels sont plus bas que le salaire minimum cantonal, la situation est parfois tendue. «A la suite des différents recours patronaux, dont aucun n’a abouti à ce jour, les entreprises ont eu du mal à suivre, explique Camila Aros, secrétaire syndicale d’Unia. Certains employeurs ont carrément refusé d’appliquer le salaire minimum en prétextant ces recours.»

Pire, soupirent les syndicats, certains bloquent les négociations salariales conventionnelles par «pure obstination idéologique». «Même l’introduction du salaire minimum légal dans les CCT ayant des revenus inférieurs est refusée. Conséquence: jusqu’à ce jour, il n’y a pas de contrôle du salaire minimum par les inspections paritaires!» regrette Camila Aros.

Les syndicats genevois comprennent la difficile digestion de ce salaire minimum par les patrons, mais l’heure est venue de passer à autre chose. «Douze mois plus tard, il est temps de laisser de côté l’énervement et de composer avec cette nouvelle réalité», insiste Joël Varone.

Hausses de salaires générales exigées

Ce mois-ci, le Conseil de surveillance du marché de l’emploi (CSME) se penchera sur les salaires 2022 des différents Contrats-types de travail (CTT). Les syndicats espèrent que la nouvelle majorité au Conseil d’Etat prendra ses distances avec cette attitude de «déni des organisations patronales» et changera clairement son orientation. «Les syndicats attendent du CSME qu’il revalorise les salaires de l’agriculture et qu’il ne réserve le salaire minimum qu’au personnel sans formation ni expérience en augmentant les salaires des autres catégories», revendique Davide De Filippo, président de la CGAS. La faîtière réclamera une revalorisation des salaires de 50 francs pour les travailleurs ayant de l’expérience ou une attestation fédérale et de 100 francs pour les détenteurs d’un CFC.

«L’introduction du salaire minimum légal a montré que le patronat a les moyens d’augmenter les salaires», plaide Komla Kpogli, secrétaire syndical chez Syna. Et de conclure: «Alors que les salariés ont été au front durant cette crise, que des employeurs ont fait d’excellentes affaires et que certains patrons ne se sont pas gênés pour s’octroyer de grosses augmentations de salaires, nous réclamons aujourd’hui des augmentations de salaires pour l’ensemble des travailleurs!»

Cette nouvelle lutte passera par la rue, le 30 octobre prochain.

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