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Retour à la pauvreté

Porte-monnaie quasi vide...
© Thierry Porchet

La baisse potentielle des salaires à la suite de l’adoption de la motion Ettlin concerne les travailleurs genevois et neuchâtelois actifs dans la coiffure, l’hôtellerie-restauration, la location de services, les stations-services ou encore le nettoyage.

En acceptant la motion Ettlin, le Parlement valide que des milliers de travailleuses et de travailleurs à Genève et à Neuchâtel voient leur salaire baisser en dessous du minimum vital. Un déni démocratique, selon Unia

Le 14 décembre, le Conseil national a adopté par 95 voix contre 93 la motion Ettlin qui, pour rappel, prévoit de faire primer les salaires conventionnels sur le salaire minimum cantonal lorsque la Convention collective de travail (CCT) est de force obligatoire. En d’autres termes, dans la coiffure, l’hôtellerie-restauration, la location de services, les stations-services ou le nettoyage, les travailleurs genevois et neuchâtelois, qui ont bénéficié du salaire minimum cantonal, car les salaires minimums prévus par leur CCT étaient en partie plus bas, pourraient voir leurs revenus baisser.

La balle est désormais dans le camp du Conseil fédéral, qui s’était opposé à la motion et qui doit rédiger un projet de loi. «Nous sommes face à une situation particulière, car la conformité au droit de cette motion est discutable, réagit Véronique Polito, vice-présidente d’Unia. Cette motion est une attaque contre la démocratie et les compétences en matière de politique sociale que détiennent les cantons. Nous ne savons pas comment le Conseil fédéral va procéder ni dans quels délais, mais s’il devait reprendre la motion telle quelle, cela serait une invitation aux patrons à pratiquer le dumping par le biais de CCT.» Et notamment à l’encontre des femmes, majoritairement représentées dans les métiers concernés, pénibles et aux horaires contraignants. «Cette motion est indigne, car elle attaque frontalement les salaires de personnes qui ont déjà très peu pour vivre, s’indigne la responsable syndicale. Leurs rémunérations se retrouveraient en dessous du minimum vital cantonal. On serait alors loin du principe selon lequel tout travail mérite un salaire équitable.»

Mise à mal du partenariat social

Cette nouvelle risque aussi de secouer le partenariat social. «Dans les négociations, si nous n’avons pas la garantie que ces salaires minimums cantonaux continueront à prévaloir, nous allons devoir trouver des solutions au niveau conventionnel, en prévoyant par exemple la primauté des salaires minimums plus favorables ou des suppléments régionaux, explique Véronique Polito. Ce seront des bras de fer intenses qui vont mettre en péril les CCT dans les secteurs à bas salaire.» La syndicaliste donne l’exemple du secteur de l’hôtellerie-restauration, dans lequel les syndicats s’étaient battus pour demander des suppléments de salaire pour les employés genevois et zurichois en lien avec le coût de la vie, sans succès…

«Nous sommes actuellement en pleines négociations dans la coiffure et, vu le changement de contexte, j’ai annoncé à la partie patronale que nous allions devoir revoir notre position. Nous avons encore quelques semaines pour nous mettre d’accord, mais le risque de vide conventionnel est réel.» Quant aux pourparlers dans la location de services, ils commencent à la fin de janvier. «La situation sera encore plus absurde, car on pourrait se retrouver à Genève dans une seule et même entreprise avec des temporaires qui gagnent moins que le minimum qui s’applique aux employés fixes, soulève la vice-présidente d’Unia. Ce serait clairement une porte grande ouverte au dumping salarial dans une région frontalière!»

Autogoal

Est-ce que les employeurs iront jusqu’à baisser les salaires des employés? Il y a fort à parier que oui, alarme Unia. «Dans la coiffure, nous avons fait l’expérience d’une situation de vide conventionnel, et les salaires ont baissé extrêmement vite, confirme Véronique Polito. A Genève, les patrons de salons ont clairement annoncé qu’ils ne se gêneraient pas pour le faire!»

En agissant de la sorte, les motionnaires et la droite patronale se tirent une balle dans le pied. Effectivement, les professions visées par ce texte souffrent déjà d’une pénurie de main-d’œuvre et de manque d’attractivité. «Dans l’hôtellerie-restauration, il y a une telle pression au vu du manque de personnel qu’il y a plutôt une tendance à augmenter les salaires, analyse la syndicaliste. C’est donc très paradoxal que les employeurs de la branche aient poussé cette motion sachant qu’ils peinent déjà à recruter des employés. Baisser les salaires est un signal très mauvais qui ne fera pas de la pub pour la branche...»

Quoi qu’il en soit, Unia tout comme l’Union syndicale suisse (USS) combattront ce projet par tous les moyens qui s’imposent, notamment le référendum, et défendront les salaires minimums cantonaux.

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