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Domino’s Pizza: le personnel licencié ne part pas les mains vides

Livreur de pizzas.
© Thierry Porchet

Licenciés en juin dernier, des livreurs et des employés à la production de Dominos’s Pizza se sont battus avec succès pour obtenir une «prime Covid» en guise de reconnaissance des efforts fournis au cœur de la crise sanitaire.

Soutenus par Unia, une quinzaine de travailleurs de Domino’s Pizza à Genève, licenciés à la suite de la fermeture de deux succursales, ont obtenu une prime

«La lutte a payé. Nous sommes d’autant plus contents de cette issue que l’entreprise n’était pas obligée de verser cette somme, comme il ne s’agissait pas d’un licenciement collectif au regard de la loi.» Secrétaire syndicale à Unia, Camila Aros ne cache pas sa satisfaction. L’entreprise Domino’s Pizza a fini par accorder une indemnité à la quinzaine d’employés qu’elle a licenciés à la suite de la fermeture de deux de ses enseignes genevoises jugées non rentables, en juin dernier. Cette «prime Covid», comme la qualifie Unia mais non l’enseigne, a été calculée en tenant compte du taux de travail des collaborateurs concernés et des années d’ancienneté. «Le montant a été évalué comme suit: 1250 francs ont été octroyés aux personnes employées à 100% en guise de fin de contrat auxquels se sont ajoutés 125 francs par année de service», précise la syndicaliste. A titre d’exemple, un travailleur actif à 90% et comptabilisant sept ans de fidélité a touché 2000 francs. Ce «geste» de Domino’s Pizza n’est toutefois pas allé de soi. Soutenus par Unia, les travailleurs se sont battus avec détermination dans ce sens, après avoir traversé une période décrite comme particulièrement critique. Retour sur les faits.

Risques quotidiens de contamination

Dès le début de la crise sanitaire et à la suite de la centralisation des activités de Domino’s Pizza dans l’établissement de la Servette, le personnel chargé de la production et de la livraison œuvre sans relâche. Et ce alors même qu’il est confronté au risque, quotidien, d’une contamination, affirme Unia. «Le matériel de protection manquait et les employés se trouvaient dans l’impossibilité de respecter les distances entre eux», raconte la syndicaliste, qui dit s’appuyer sur des photos et des vidéos témoignant de la situation tendue évoquée. «La charge de travail était particulièrement lourde. Il y avait beaucoup de commandes. Des mesures de précaution n’ont été prises que dans un second temps, avec la fourniture d’équipements de protection comme les masques, le paiement des pizzas par contact et leur remise à l’extérieur, sans entrer dans les appartements.» Unia rapporte encore que les collaborateurs ont été alors qualifiés par la hiérarchie, dans plusieurs messages, de «héros» pour leur implication dans leur service à la communauté – et en premier lieu aux équipes soignantes –; qu’elle n’a eu de cesse de «les pousser à se donner au maximum, pour la pérennité de l’entreprise et de leurs emplois».

Question de reconnaissance

Aussi, à l’annonce du licenciement, le personnel a exigé au moins une prime de risque en reconnaissance des efforts fournis au cœur de la crise. «Après s’être dévoués durant trois mois pour continuer à livrer des pizzas à la population semi-confinée, les travailleurs ont vécu ces licenciements comme un manque total de reconnaissance de leur employeur.» Ce dernier a fini toutefois par concéder une indemnité aux personnes remerciées. «Il a refusé de la nommer “prime de risque” ou “prime Covid”. Cela aurait signifié reconnaître publiquement ses manquements pendant la crise sanitaire», note encore Camila Aros. Et la syndicaliste de conclure en encourageant les travailleurs à s’organiser et à militer pour leurs droits, au regard du succès rencontré.

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