Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Après la grève à Micarna, l’Office de conciliation ne propose (presque) rien

manif
© Thierry Porchet

Au 5e jour de grève, le 5 mars, le personnel de Micarna avait décidé de porter ses revendications devant la principale Migros de Lausanne. L’après-midi, le Conseil d’Etat vaudois, tout comme Migros de son côté, annonçait saisir l’Office cantonal de conciliation.

Le combat des employés de Micarna à Ecublens a permis des améliorations. Mais les préretraites restent indignes, d’où le dépôt d’une demande financière au fonds de soutien Migros.

«La lutte et la pression constante des travailleurs de Micarna sur leur employeur ont porté leurs fruits!» Nicole Vassalli, responsable du secteur de l’industrie d’Unia Vaud, souligne ainsi le grand courage des travailleuses et des travailleurs d’Ecublens face au géant orange. A la suite de leur mobilisation et de leur grève exemplaire au printemps dernier, ils ont obtenu le droit d’être éligibles au plan social même s’ils refusent une offre d’emploi notamment sur le site de Micarna à Courtepin, dans le canton de Fribourg, à plus d’une heure de route.

Plus largement, l’application du plan social national modifié de Migros à toutes les entreprises industrielles du groupe dès le 1er mai 2024, améliore les conditions de départ, non seulement des employés de Micarna, mais de milliers d’autres partout en Suisse. «Notons aussi que, depuis ce combat, les travailleuses et les travailleurs disent que leurs chefs ne leur manquent plus de respect et que la planification du travail hebdomadaire est meilleure. La question de la dignité est essentielle», souligne Nicole Vassalli.

Toutefois, les demandes des salariés n’ont pas été complètement entendues. Un gros bémol subsiste concernant le soutien lors d’une retraite anticipée et les indemnités de départ. «Même avec les améliorations apportées, le plan social du plus grand employeur suisse reste au-dessous des usages en vigueur dans le canton de Vaud. Des manquements importants concernant les propositions de préretraite occasionnent des pertes d’années de cotisations, et donc de revenus, socialement insoutenables pour des travailleurs et surtout des travailleuses précaires. Les indemnités sont insuffisantes au vu des décennies de travail fournies au groupe Migros», indique la secrétaire syndicale. Pour pallier ces manques, Unia et les employés ont donc décidé de déposer une demande au fond de soutien Migros – support financier généralement réservé à des ONG et à des associations suisses – afin de ne pas se retrouver avec des rentes indignes à la retraite et d’avoir une vraie reconnaissance du travail effectué. 

Conclusion de l’Office de conciliation

Pour mémoire, en mars, le Conseil d’Etat vaudois, tout comme Migros parallèlement, avait saisi l’Office cantonal de conciliation (OCC). Ce dernier a publié ses recommandations le 2 août dernier seulement, en plein milieu des vacances. Il propose notamment que Micarna ne refuse pas l’application du plan social aux employés ne cherchant pas activement un poste de travail, lorsqu’ils ne savent pas écrire le français ou n’ont pas de diplôme. A l’employeur de les accompagner dans leurs recherches ou de leur proposer un poste, précise l’OCC. Concernant les préretraites, «l’Office propose à Micarna d’organiser un entretien individuel avec chaque employé concerné pour lui présenter, au travers d’un calcul concret, les différentes options», sachant qu’ils peuvent, selon leur situation, choisir l’application du plan social 2023 ou celui du 1er mai 2024. Concernant les cas de rigueur (travailleurs âgés, familles monoparentales…), l’OCC ne tient pas à se prononcer. «Les propositions vides de l’Office ne répondent pas à plusieurs principes raisonnablement exigibles de cette instance, s’insurge Nicole Vassalli. S’il a reconnu des manquements au niveau du plan social, aucune vraie mesure n’a été proposée. Le plus grand employeur de Suisse s’en sort avec quelques conseils RH et sans dépenser un centime de plus pour ses collaborateurs et ses collaboratrices.»

A noter que, depuis l’annonce de la fermeture du site de Micarna Ecublens, le 8 février 2024, environ un tiers des employés sur les quelque 80 du site, selon Unia, ont trouvé un travail ailleurs, généralement dans le secteur de la logistique. 

L’usine de conditionnement de viande fermera ses portes au printemps 2025, remplacée par Le Shop, le service de livraison de Migros. Nicole Vassalli précise: «Nous restons en contact étroit avec les travailleuses et les travailleurs pour que leurs droits soient respectés jusqu’à la fermeture.» 

 

Le récit de la lutte des employés de Micarna Ecublens en mars dernier: evenement.ch/articles/le-courage-des-grevistes-face-au-geant-orange

 

Pour aller plus loin

«Novartis veut dicter, pas négocier»

Unia et Syna dénoncent la procédure de consultation alibi menée par le groupe pharma à la suite de l’annonce de la suppression de 8000 emplois dont 1400 en Suisse

Se former, pour obtenir des augmentations dans l’industrie MEM

Travailleur sur une machine.

A la veille des négociations salariales dans la branche, Unia propose une journée de formation pour les membres des commissions du personnel. Elle aura lieu le 4 novembre en Suisse romande

Novartis: 1400 emplois sacrifiés

Bâtiment Novartis en arrière plan. Un feu rouge au premier plan.

Le plan de restructuration du géant de la pharmaceutique bâlois touchera 10% des effectifs. Tous les sites du pays et domaines d’activités sont concernés. Choqué, Unia demande une véritable consultation des employés débutant après la pause estivale

«Un partenariat dynamique, serein et constructif»

Christian Spühler, directeur de Syngenta Monthey, et Tazuila Ngamiak, président de la commission syndicale d’Unia.

Tazuila Ngamiak est le président de la commission syndicale Unia pour Syngenta à Monthey. Acteur du changement, il lance un appel à renforcer la représentativité des travailleurs au sein d'Unia