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Assistantes vétérinaires: Unia prend le taureau par les cornes

Des soins sur un chien.
© Thierry Porchet

Les exigences du CFC et de l’emploi ne sont pas compensées par la rémunération, dénonce Unia.

Le syndicat veut négocier une convention collective de travail pour améliorer les conditions de travail et d’engagement de la branche

«Nous adorons les animaux, nous voulons les sauver, mais nous nous retrouvons dans une telle situation de stress et de mal-être que nous finissons par ne plus les aimer.» Assistante en médecine vétérinaire (AMV), Victoria* en a ras le bol des mauvaises conditions de travail et d’engagement en vigueur dans sa profession. Et elle n’est pas la seule. Avec une collègue, Emma*, la jeune femme a pris l’initiative d’organiser au printemps une réunion d’échanges qui a rassemblé une quarantaine d’AMV entre les cantons de Vaud et de Genève. Le groupe est épaulé par Unia.

«Nous ne connaissions pas vraiment cette branche et ce que nous avons découvert est plutôt alarmant. La Loi sur le travail n’est souvent pas respectée. L’enregistrement du temps de travail est déficient avec des heures supplémentaires pas toujours compensées. Les cabinets sont souvent ouverts la nuit et les jours fériés, ce qui amène les AMV, en très grande majorité des femmes, à une grande flexibilité posant des problèmes à leur vie privée et sociale», indique Artur Bienko, secrétaire syndical d’Unia Genève.

«Beaucoup de gens nous voient comme des secrétaires ou des vendeuses de croquettes, mais nous réalisons des actes médicaux quotidiennement», rappelle Catherine*. Les exigences du CFC et de l’emploi ne sont toutefois pas compensées par la rémunération. A Genève, elle se situe fréquemment au niveau du salaire minimum cantonal, soit 4264 francs pour une semaine de 41 heures de travail. Mais du côté vaudois, cela peut être encore moins. La Société des vétérinaires suisses émet bien des recommandations plus élevées, mais elles ne sont guère suivies.

«Un gros gâchis»

«Les pauses ne sont pas observées, nous n’avons pas le temps de déjeuner, de respirer, on vient nous déranger jusque dans les toilettes», témoigne Emma. «Il y a une absence quasi totale de contrôles dans les cabinets», déplore Artur Bienko.

Seuls les commissaires d’apprentissage peuvent montrer le bout de leur nez. Encore faut-il qu’il ne s’agisse pas d’un bon ami de son employeur, comme c’est arrivé à Emma. «J’ai dénoncé des choses, mais rien n’a changé.» Durant sa formation, la Vaudoise assure avoir vu le vétérinaire «frapper les animaux». «Ils finissaient, terrorisés, dans leurs selles et leurs urines.»

En plus, les AMV doivent supporter les humeurs des clients. «Ils peuvent s’en prendre à nous lorsqu’il y a un problème avec leur animal, par exemple si un acte chirurgical est manqué. Au niveau moral, c’est une lourde charge», explique pour sa part Roman*.

«Les AMV doivent être tout à la fois hôtesse d’accueil, secrétaire, vendeuse, soignante, psychologue ou encore nettoyeuse. C’est un métier complexe, qui devrait être reconnu par de meilleures conditions de travail et d’engagement. Nous avons des personnes passionnées et engagées, mais beaucoup quittent le métier, c’est un gros gâchis», souligne Artur Bienko. Un sondage réalisé en décembre dernier par une vétérinaire formatrice auprès de 165 AMV romands montre qu’un tiers envisage d’abandonner la profession.

«Les cabinets poussent comme des champignons, les besoins sont là. Nous allons accompagner les assistants vétérinaires. Notre but est de réglementer la branche et d’obtenir une convention collective de travail romande. Nous voulons à cette fin ouvrir un dialogue avec la Société des vétérinaires.»

«Nous essayons de motiver nos collègues à s’inscrire au syndicat», ajoute Emma. Le syndicaliste salue cet engagement: «Dans ma carrière de secrétaire syndical, je n’ai jamais vu un mouvement qui s’organise ainsi par lui-même et aussi rapidement, c’est très encourageant.»

* Prénoms d’emprunt.

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