«Mêmes patients, même travail, même salaire!»
Le personnel du secteur parapublic vaudois de la santé exige une revalorisation salariale et lance un préavis de grève pour le 5 décembre
«En passant du CHUV au Centre médico-social, j’ai perdu environ 500 francs de salaire par mois.» Infirmière dans les soins à domicile, Elena aime son métier, mais à l’instar de ses collègues s’insurge contre cette différence de traitement. «Nous avons les mêmes compétences, et pas de médecin juste derrière la porte.» «C’est hallucinant ces différences salariales alors que notre travail est complexe face à la misère sociale qui en devient pathologique», renchérit Olivier, infirmier dans un autre Centre médico-social (CMS). Tous deux sont ainsi venus naturellement manifester, comme plusieurs centaines de leurs collègues des CMS, des hôpitaux régionaux et des EMS, devant le Grand Conseil vaudois le 5 novembre dernier pour demander une revalorisation salariale déjà promise il y a plusieurs mois.
Les syndicats dénoncent l’enlisement des négociations avec les représentants des organisations patronales (Federems et Héviva, Avasad, FHV) signataires de la Convention collective sanitaire parapublic vaudois (CCT-San) qui «ne respectent pas les engagements pris d’aller vers une bascule dans la nouvelle grille salariale de l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC)».
Mobilisation sur les lieux de travail
Tout au long de cette journée de mobilisation, de nombreux employés ont porté un brassard noir et des autocollants, des stands dans les hôpitaux régionaux ont permis de sensibiliser le personnel et de récolter déjà plus d’un millier de signatures pour le préavis de la grève fixée au 5 décembre. Entre les slogans tels que «Les salaires augmentez!» ou «De l’argent, il y en a dans les caisses du patronat!», Pierre-Yves Maillard, président de l’USS et ancien conseiller d’Etat vaudois en charge de la Santé, est présent pour apporter son soutien: «Les engagements pris doivent être tenus. Un accord a été conclu avec les employeurs pour un financement de l’Etat à hauteur de 13 millions de francs (par année, ndlr). L’alignement de la CCT-San sur la CCT-HRC doit se faire. Je comprends que le personnel s’impatiente. Les employeurs ne peuvent pas attendre des garanties jusqu’au dernier franc. Les budgets sont revotés chaque année. Mais ils peuvent quand même prendre un risque de 0,1 ou 0,2%. Vous avez droit à cette revalorisation!»
Dans les EMS, les hausses de tarifs ont été appliquées dès le 1er juillet 2019. Mais les salaires n’ont pas suivi. «Les employeurs ont reçu l’ordre de provisionner l’argent, précise Vanessa Monney, secrétaire syndicale au SSP. Plus généralement si un accord de principe a été décidé quant à la revalorisation salariale, rien n’a été signé sur les modalités concrètes.»
Respect et solidarité
Au micro, une militante partage sa colère: «On réclame du respect et de la reconnaissance. Selon les professions, il y a des centaines de francs de différence pour le même métier. Nous sommes là pour dire: “Ça suffit!ˮ Nos salaires sont trop bas alors que les conditions de travail sont de plus en plus dures.» D’où les difficultés, surtout dans les hôpitaux régionaux et les EMS, de recruter du personnel. Un exemple: une auxiliaire en soins touche aujourd’hui au minimum 3748 francs brut par mois à 100% selon la CCT-San. La CCT-HRC prévoit elle 4231 francs brut. Soit une différence de 483 francs.
Quelque 22000 employés sont concernés par cette revalorisation qui touche aussi les secteurs de l’intendance, de la cuisine, de l’animation ou encore de l’administration. «La solidarité est là, malgré les tentatives de division des employeurs qui voulaient augmenter certaines fonctions et pas d’autres», se réjouit Vanessa Monney, heureuse de cette mobilisation du personnel précieuse pour la suite des pourparlers. Au lendemain de l’action, une séance de négociations entre syndicats et employeurs, avec la médiation de la Direction générale de la cohésion sociale de l’Etat de Vaud, a permis d’avancer sur les revendications du personnel. «La mobilisation a joué son rôle et on espère arriver à un accord lors de la prochaine séance le 18 novembre», souligne Vanessa Monney. Le lendemain, le 19, ce sera au personnel de décider, lors de l’assemblée générale, s’il accepte cet accord ou maintient le préavis de grève.