Le personnel des blanchisseries du canton de Vaud dénonce ses difficiles conditions de travail, encore dégradées par la crise du Covid-19
Les blanchisseuses et les blanchisseurs s’inquiètent, pleurent même parfois lorsqu’ils appellent le syndicat. A bout. Dans un premier temps, il y a une dizaine de jours, les premiers griefs dénoncés concernaient l’irrespect des normes édictées par l’Office fédéral de la santé publique: manque de distance sociale dans les vestiaires et à la cafétéria, carence de vêtements de protection et d’informations sur les risques encourus en recevant des ballots de linge des hôpitaux estampillés Covid-19. Depuis, à la suite des dénonciations des travailleurs et du syndicat aux différentes directions des blanchisseries implantées dans le canton de Vaud – Les Blanchisseries générales (LBG), Elis (ex-Lavotel) et Bardusch –, les situations se sont améliorées. «C’est sous la pression du syndicat que les entreprises bougent», observe Nicole Vassalli, secrétaire syndicale d’Unia Vaud. Depuis, la distance entre les travailleurs dans les cafétérias a été améliorée, et des décalages dans les horaires permettent au personnel de bénéficier d’un peu plus d’espace dans les vestiaires pour se changer. Du matériel de protection supplémentaire a été mis à disposition. «Mais les salariés sont toujours très inquiets d’être infectés. Comme il n’y a pas eu d’analyse de risques, et peu de connaissances sur ce virus, la prévention devrait s’imposer», estime Nicole Vassalli, qui appelle à la mise à disposition de combinaisons jetables protégeant le corps entier et d’une formation dispensée par les autorités sanitaires compétentes.
Une prime de risque
Autres revendications d’Unia: le temps pour se changer (plus long afin de respecter la distance sociale) doit être payé comme le stipule la Loi sur le travail et une prime de risque doit être versée à chaque travailleur de manière hebdomadaire. «Des travailleurs nous ont indiqué que les directions commençaient à parler de “cadeau”. Alors que le salaire net ne s’élève pour certains qu’à 2700 francs par mois. De surcroît aux LBG, qui reçoivent une quantité plus importante de draps, linges et vêtements hospitaliers, les horaires ont été allongés. Les travailleurs ont des plannings jusqu’à 12 heures, avec une demi-heure de pause à midi, s’insurge Nicole Vassalli. Des heures supplémentaires qui ne seront ni payées ni ne pourront être reprises quand les salariés le demandent, du fait d’une annualisation du temps de travail. Et, en temps normal, les employeurs placent souvent des jours de congé quand il y a moins de production en les informant seulement un ou deux jours avant.»
Dans les entreprises Bardusch et Elis, par contre, du chômage partiel (RHT) a été demandé pour certains travailleurs (dès lors payés à 80%), car une partie importante de leur clientèle provient du secteur de l’hôtellerie-restauration. Le Covid-19 met ainsi en lumière les conditions de travail difficiles du personnel des blanchisseries – certains employés doivent jongler avec un second emploi – pour un métier des plus essentiels.
Sondage dans l’industrie
Le syndicat Unia Vaud estime indispensable que toutes les entreprises non essentielles ferment, sans perte des salaires, afin de protéger la santé des travailleurs et celle de leurs proches et de lutter contre la pandémie Covid-19. Après l'action du syndicat et de ses membres, de nombreuses entreprises ont fermé, notamment toutes celles de l'horlogerie conventionnée, tandis que d'autres ont amélioré leurs mesures de protection, souvent à la suite des dénonciations d’Unia auprès du Service de l’emploi et des pressions du syndicat sur les directions. Pour avoir davantage d’informations du terrain dans l’industrie vaudoise, le syndicat lance un sondage à l’intention des travailleuses et des travailleurs des branches de l’alimentaire, des blanchisseries, de la chimie-pharma, de l’horlogerie, de la métallurgie et de l’industrie manufacturière.
Sondage accessible ici.