«Le profit ne doit plus passer avant la santé des gens et la protection de la nature»
Entretien avec Peppina Beeli, du département politique d’Unia, qui a participé à la conférence de presse de lancement de la Grève pour l’avenir
Comment se traduit la participation d’Unia dans la Grève pour l’avenir 2021?
C’est l’occasion de discuter du réchauffement climatique avec nos membres, et de montrer les liens entre le monde du travail et l’écologie. Nous réfléchirons ensuite aux différentes formes de mobilisations décentralisées, que ce soit dans les entreprises ou dans les espaces publics. En parallèle, nous avons aussi mandaté une étude sur la reconversion éco-sociale, dans le but de proposer des mesures concrètes, dont les résultats seront communiqués en début d’année prochaine.
Comment Unia compte-t-il sensibiliser ses membres qui travaillent parfois dans des secteurs très polluants, comme la construction par exemple?
Nous ne devons pas oublier qu’une transition est nécessaire face à la menace climatique. Et si elle représente des difficultés pour le monde du travail, elle offre aussi beaucoup d’opportunités, au travers des énergies renouvelables et de la rénovation des bâtiments par exemple. Un million du 1,8 million de bâtiments que compte la Suisse sont mal isolés. Or, le taux de rénovation annuel est inférieur à 1%. De plus, les deux tiers d’entre eux se chauffent encore avec des énergies fossiles et, lorsque les installations sont remplacées, c’est encore à 80% par des combustibles fossiles. Il s’agit donc d’informer sur les alternatives.
Si des emplois sont menacés, nous devons mener des programmes offensifs de formation et de requalification pour garantir que personne ne soit laissé de côté. Plus largement, les menaces climatiques posent des questions plus vastes qui nous obligent à réfléchir sur l’articulation entre vie et travail. Cela passe par une réduction massive du temps de travail – qui permet une diminution de l’empreinte écologique, une répartition équitable du travail et une meilleure qualité de vie. Ces différents axes sont importants pour les travailleuses et les travailleurs, et auront un effet mobilisateur le 21 mai.
La convergence des luttes est-elle d’autant plus nécessaire face à la pandémie que nous subissons?
Cette convergence est essentielle, car nous ne pouvons comprendre les crises qu’en les combinant. La pandémie le prouve de manière encore plus forte. Le profit ne doit plus passer avant la santé des gens et la protection de la nature. La jeunesse de la Grève du climat a toujours, de manière impressionnante, inclut des réflexions sociales dans son mouvement. Cela donne confiance en l’avenir.