Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Uber, un employeur qui s’ignore

Livreur Uber Eats.
© Olivier Vogelsang

La pétition demande aux autorités cantonales d’intervenir pour qu’Uber assume sa responsabilité d’employeur que ce soit vis-à-vis de ses livreurs ou de ses chauffeurs.

Dans le canton de Vaud, une pétition demande la reconnaissance du statut de salarié pour les livreurs de la plateforme, ainsi que pour les chauffeurs VTC

«Uber refuse encore et toujours de considérer les livreuses et les livreurs, les chauffeuses et les chauffeurs Uber comme étant ses salariés.» Face à ce constat, les syndicats Unia et Syndicom se sont joints à la pétition lancée par le Parti socialiste lausannois (PSL) en novembre dernier, soutenue par le PS vaudois. Le texte demande aux autorités cantonales d’intervenir pour qu’Uber assume sa responsabilité d’employeur que ce soit vis-à-vis de ses livreurs ou de ses chauffeurs. Il précise que le Canton doit faire respecter les lois, les conventions collectives de force obligatoire et sanctionner le cas échéant. De surcroît, les pétitionnaires souhaitent que les autorités, en collaboration avec les partenaires sociaux de la branche, incitent et émettent des recommandations claires pour que les restaurateurs sollicitent des prestataires qui respectent le droit, voire salarient directement leurs livreurs.

Depuis l’arrivée d’Uber en 2013 en Suisse, plusieurs jugements et des avis de droit ont prouvé que les contraintes exercées par la multinationale sur son personnel relèvent du statut d’employeur: évaluation constante avec récompenses et rétrogradations, instructions précises sur l’habillement et l’équipement, horaires et tâches imposés, etc. «Les livreurs, par exemple, n’ont pas le choix de travailler avec les restaurants qu’ils souhaitent, mais seulement avec ceux qui ont un contrat avec Uber Eats. Une preuve de plus que leur statut est celui d’employés», explique Arnaud Bouverat, secrétaire régional d’Unia Vaud.

Contournement de la législation

Uber, en tant qu’employeur, devrait donc garantir un revenu en cas d’incapacité de travail ou de chômage, cotiser aux assurances sociales, payer les vacances... «Et cela n’empêcherait pas de pouvoir bénéficier d’horaires de travail flexibles pour les salariés qui le souhaitent», indique la pétition, qui fustige la stratégie d’Uber de «contourner la législation» qui «conduit à une situation déplorable de concurrence déloyale». Et ce, dans la branche des taxis comme dans la livraison à domicile qui connaît une croissance forte depuis le semi-confinement de ce printemps. «Dans la restauration, couverte par une convention collective de force obligatoire, le risque de concurrence déloyale est particulièrement criant: le restaurateur qui engage un livreur doit lui appliquer les standards de la CCT, tandis qu’Uber Eats pratique un dumping social et salarial éhonté», décrit la pétition. «Face à cette expansion du domaine de la livraison, l’intervention doit être rapide. Et Genève a prouvé que c’est possible pour les autorités d’agir, souligne Emilie Moeschler, vice-présidente du PSL, candidate à la Municipalité, mais aussi ancienne responsable syndicale d’Unia. Dans le canton de Vaud, par contre, rien ne bouge. Notre pétition s’adresse donc au Grand Conseil pour que le Conseil d’Etat intervienne enfin.»

Protéger les travailleurs

Au bout du lac, le statut d’employé a été reconnu aux quelque 500 livreurs d’Uber Eats par le Tribunal administratif de Genève fin août 2020. Si la multinationale a fait recours au Tribunal fédéral, elle n’a pas obtenu l’effet suspensif. La plateforme de livraison de repas à domicile a ainsi l’obligation de se conformer à la LSE (Loi sur les services de l’emploi) et de respecter les Conventions collectives de travail de la location de services et de l’hôtellerie-restauration. Une victoire, certes encore provisoire, mais qui réjouit Roman Künzler, responsable d’Unia pour la branche de la logistique et des transports. Selon lui, la réponse reste éminemment politique: «Les partis bourgeois utilisent cette vague de numérisation pour affaiblir la Loi sur le travail. Cette position est idéologique et privilégie Uber. Pendant ce temps, les livreurs, non protégés, accomplissent un travail dont les risques sont nombreux. C’est aux autorités cantonales de faire respecter les cadres légaux.»

Pour signer la pétition, aller sur: vaud.unia.ch/petition-uber

Pour aller plus loin

Le personnel d’OVS exige de la reconnaissance

Portant des masques à l’effigie du directeur général d’OVS, les vendeuses de la succursale de Fribourg ont fustigé un patron «arrogant», qui ne les saluait pas lorsqu’il passait au magasin. Elles ont aussi profité de leur action pour remercier les clients de l’enseigne.

Les salariés soutenus par Unia ont fait part de leurs revendications à court et moyen terme à leur direction. Des actions simultanées sont prévues dans les boutiques du pays

De nouveaux chauffeurs Uber se rebiffent

Des secrétaires syndicaux et des chauffeurs discutent

Soutenus par Unia, des employés d’une société vaudoise partenaire du géant étasunien ont débrayé la semaine dernière

Pour des conditions de travail décentes chez les sous-traitants de Zalando

La délégation d’Unia a remis à la direction une pétition réclamant un salaire minimum d’au moins 22 francs de l’heure, contre environ 19 francs pratiqués actuellement.

Unia a adressé une pétition de plus de 2000 signatures à la direction du géant de l’e-commerce pour dénoncer le dumping social et salarial en Suisse

Les employés des shops tessinois discriminés

Le 5 juin dernier, une délégation d’Unia a interpellé les parlementaires à l’entrée du Palais fédéral.

Les shops des stations-service du Tessin n’ont pas à appliquer le salaire minimum de la CCT. Une exception décidée par le Conseil fédéral. Unia dénonce